Un moldu

Méridith prit un grand respire. Son premier lui semblait-il depuis trop longtemps! Elle se sentait dans un brouillard étourdissant, des voix lointaines semblaient s'époumoner autour d'elle, s'affairant à elle ne savait quoi. Ses paupières refusaient de s'ouvrir. Que lui arrivait-il? Où était-elle?!

-Mais comment est-ce qu'elle s'est fait ça?! s'exclama le premier secouriste.

-Laisse tomber les comment et les pourquoi, l'avertit le second secouriste, on doit se dépêcher ou elle va perdre tout son sang!

Son sang? Oh... cela lui revenait à présent! Un souvenir éclair jaillit de sa mémoire et elle se vit, brandissant sa baguette, encaisser un insupportable mauvais sort lancé par ce qu'elle avait d'abord pris pour un enfant inoffensif. Belle diversion de la part du Mangemort, il fallait l'avouer! Cette enquête de routine qu'elle avait insisté pour faire seule était en train de se tourner contre elle... et le sang jaillit. Son sang! Mais avant de perdre complètement connaissance, Méridith voulait absolument informer les médicomage:

-...parti par la ruelle... dite à Potter... il ne faut pas le laisser se sauver!

Comme il était difficile de formuler des phrases complètes alors qu'on se vidait de son essence!

-Mais qu'est-ce qu'elle dit? s'interrogea le premier secouriste.

-Elle parle de Potter... c'est qui ça Potter? lança le second.

Mais quels imbéciles, pensa Méridith. Qui ne connaissait pas Potter? Tout le monde connaissait Potter! Il fallait être un idiot, un amnésique ou un moldu pour ne pas savoir qui était Potter!

-Des moldus! hurla soudain Méridith en se levant de son brancard, retrouvant tout à coup ses forces. Non, non... vous ne pouvez pas, je dois aller à Ste-Mangouste! Ste-Mangouste je vous d... marmonna-t-elle avant de s'écrouler dans les bras du secouriste.

-On l'amène en trauma ou en psy? s'exclama le secouriste un demi-sourire aux lèvres...

-Mais non... elle est juste boulversée, c'est tout. Aide-moi à l'allonger.

Les deux secouristes réinstallèrent Méridith sur son brancard. C'est alors qu'un des secouristes remarqua, dans sa main droite, un étrange bout de bois élégamment ouvragé. Des Vignes s'entrelaçaient autour de minuscules et nombreuses fleurs de lys. C'était sa baguette. Et c'était bien connu, PERSONNE ne doit JAMAIS enlever sa baguette à un Auror, fut-il à l'article de la mort!

-NON! hurla-t-elle lorsque le secouriste voulut la libérer de ce bout de bois encombrant pour la pose du soluté. Lâchez-moi, laissez-moi... un hibou... au ministère...

Articuler des phrases intelligibles était trop difficile. Elle perdit à nouveau connaissance.

Les secouristes purent enfin faire leur travail et l'amener à la salle d'urgence de l'hôpital le plus près. Méridith était dans un état lamentable. Ses vêtements, brûlés et déchirés par endroits révélaient sa chaire pâle et moite. Sur sa cuisse, une plaie béante refusait de se laisser soigner...

-On l'a trouvé inconsciente dans un parc. Elle était un peu confuse. On n’arrive pas à stopper l'hémorragie, c'est comme si elle était hémophile ma foi! Est-ce que ça se peut pour une fille?! dit le secouriste en s'adressant au résidant de garde ce jour-là.

Cette première semaine de travail à l'urgence l'avait épuisé.

Depuis quelques mois déjà, Philippe accummulait les remerciments des patients et les félicitations de ses patrons. Le bloc de gériatrie de l'hôpitale l'avait accueilli avec grand bonheur quand il débuta sa résidence. "Quel beauté vient ici à ma rencontre ce matin!" osa dire une patiente de trois fois son âge lors de son premier jour sur l'étage. L'étonnement fut double lorsqu'une fois à sa porté,...elle lui pinça une fesse.

Il y a deux semaines, Philippe a demandé à être muté aux urgences. Il voulait du changement et un peu plus d'action. Ses patrons pouvaient difficilement le lui refuser. Mais il eut un pincement au coeur lorsqu'il appris, quatre jours après sa mutation, le décès de cette brave femme.

Il avait donc depuis une semaine suivi Charles, un des urgentologues qui l'avait pris sous son aile. Ses conseils étaient précieux, son expérience était indéniable.

- Philippe! héla Charles du couloire bondé.

- Nous avons besoin de toi sur le prochaine cas! L'ambulance arrive à l'instant.

Philippe alla à la rencontre du brancard et s'informa de la situation.

- Voici une femme d'environ 30 ans, son poul est faible et irrégulier. Elle perd beaucoup de sang. On l'a trouvé inconsciente dans un parc. Elle était un peu confuse. On n’arrive pas à stopper l'hémorragie, c'est comme si elle était hémophile ma foi! Est-ce que ça se peut pour une fille?!

- C'est plutôt rare, mais c'est possible. Qu'on prépare des transfusions avec surplus de plaquette, libérer un bloc opératoire, il faut stopper l'hémorragie! ordonna Philippe.

Pendant que tous s'affairait et que Philippe dirigeait le brancard vers la salle d'opération, il ne pu s'empêcher de regarder cette fille dont les cheveux roux semblait lui enflammer l'ardeur.

- Il faut la sauver, se dit-il.


Deux jours s'écoula sans que la jeune femme ne reprenne conscience. Philippe l'observait de l'embrasure de la porte lorsque qu'enfin elle ouvrit les yeux.

Philippe s'approcha.

- Je me nomme Philippe. Je suis résident et j'étais de garde lorsqu'on vous a amené à l'hôpital. Des policiers attendent votre réveil pour vous poser quelques questions. On pense que quelqu'un aurait voulu vous faire du mal. Mais n'ayez crainte, vous pouvez vous reposez encore un peu. Je reviendrai plus tard vous examiner.

Philippe quitta la pièce sans hâte.

Lorsqu'elle revint à elle, Méridith pensa candidement qu'elle était dans son lit, à la maison, et qu'elle venait de se réveiller de la pire nuit de toute sa vie. Les yeux fermée, elle se visualisait dans sa chambre, tout près de son Jean-Jules... son boursouflet. Mais pourquoi ne ronflait-il pas comme d'habitude? Et quel était cette pression étrange sur sa cuisse? Elle ouvrit les yeux pour mieux comprendre.

Mais ce fut l'inverse qui arriva. Elle n'était pas du tout dans sa chambre... et Jean-Jules n'était manifestement pas là! Il y avait plein de tubes et de machines qui étaient connectés à elle et l'air embaumait d'une étrange odeur de propreté javelisée.

Soudain, un homme lui parla. Elle cligna des yeux. Mais qui était-il? Méridith n'arrivait pas à l'entendre, comme si tout autour d'elle était avait été la cible d'un sortilègle assourdiato.

-Qu'est-ce que je fais ici? marmona-t-elle à l'inconnu qui se trouvait près d'elle.

Mais elle n'avait visiblement pas réussit à sortir un son puisqu'il continuait de lui parler... À l'hôpital? Des policiers? oh-oh... Ça ne sonnait pas bien tout ça!

Puis il partit, avant même qu'elle puisse lui dire quoi que ce soit. Elle se senti soudain comme paniquée. Il ne pouvait pas la laisser seule! Pas chez ces moldus! Pas avec ces machines de moldus branchées sur elle!

-Attendez! Revenez! cria-t-elle juste avant qu'il ne disparaisse de son champ de vision, je... s'il-vous-plait!

C'est alors qu'un bruit se fit entendre tout près de la fenêtre. Méridith tourna la tête et vit Guaquamol, le hibou de retraçage de la brigade des Aurors. C'était automatique quand un Auror ne donnait pas de signe de vie depuis deux jours, on envoyait un hibou pour retracer l'Auror afin de savoir s'il était en difficulté. Guaquamol poussa adroitement vers le haut la fenêtre guillotine, pénétra dans la chambre et s'installa au pied du lit de Méridith. Elle se retourna pour voir si l'homme l'avait entendu lorsqu'elle lui avait demandé de revenir...

Comment lui expliquer la venue de cet hibou?! Elle se mordit la lèvre comme une enfant prise en défault.

Alors qu'il sortait de la chambre, Philippe entendit la jeune femme l'appeler. Il eut le souffle coupé de voir soudainement un hibou surgir par la fenêtre et prendre place sur le lit.

- Attention! Éloignez-vous. Il pourrait vous blesser! cria Philippe en cherchant d'une main une couverture à projeter sur le rapace afin de l'immobiliser.

- Mais comment a-t-il fait pour entrer? D'où vient-il? questionna Philippe, interloqué, qui n'attendait aucune réponse.

Guaquamol reçu la couverture sur la tête et poussa un hululement d'indignation.

-Oh! non... ça va, je le connais, il...

Comment lui expliquer? Comment lui dire que non seulement ce hibou n'était pas dangereux, mais qu'en plus, elle en avait besoin?

-Il est à moi, finit-elle par avouer sans trop savoir si l'homme allait la croire. C'est mon hibou. Je veux dire, c'est mon animal de compaghie. Je sais, c'est un peu étrange, mais je l'ai dressé pour qu'il puisse ouvrir la fenêtre de mon salon et faire autant d'aller et venue qu'il veut. Je sais pas comment il a fait pour me retrouver ici! C'est un vrai mystère!

Elle se releva sur ses coudes, dans son lit, et prit délicatement le hibou dans ses mains. En faisant bien attention à ce que le médecin ne la voit, elle retira le petit bout de parchemin qui était attaché à la délicate patte de Guaquamol et le cacha sous ses couvertures.

-Aille! laça-t-elle alors qu'une douleure cuisante se fit subitement sentir sur sa cuisse.

Elle baissa les yeux et vit une tache rouge s'élargir doucement sur la couverture blanche qui reposait sur ses jambes.

-Oh, ça saigne, dit-elle innutilement en constatent le fait qui était pour le moins évident...

- Vite, allongez-vous que je regarde. Pendant qu'elle s'exécutait, Philippe éloigna le hibou.

Il retira la couverture souillé puis releva doucement la jacket d'hôpital de la patiente pour révéler sa cuisse maculée de sang.

- La plaie s'est réouverte... il faut retourné en chirurgie pour stopper l'hémorragie.

Philippe appela l'infirmière puis mis une compresse sur la cuisse de la jeune femme qu'il maintenait fermement de ses grandes mains.

- Le moment est peut-être mal choisi, mais... quel est votre nom? Nous n'avons pus vous identifier lors de votre arrivée. De plus, les tests sanguins n'ont révélé aucune maladie tel que l'hémophilie qui pourrait expliquer ce qui arrive présentement. Nous aurions besoin d'en savoir plus sur vos antécédents médicals

-NON, ne put-elle s'empêcher de crier alors que le médecin voulut appeler l'infirmière. Je veux dire... ce ne sera pas nécessaire! Je n'ai pas besoin de chirurgie.

Elle chercha désespérément des yeux son sac. Elle l'avait sur elle lors de l'attaque du mangemort. Il devait être quelque part dans la chambre... Puis il lui posa une drôle de question à propos d'hémophilie.

-Je m'appelle Méridith Mitchel et je ne suis pas hémophile, dit-elle en riant à demi, la pression qu'exerçait le médecin sur sa cuisse la faisant légèrement souffrir. Je... comment vous dire.

Puis elle l'aperçut. Son sac avait été posé tout près d'elle. Elle s'étira pour l'attraper et fouilla frénétiquement à l'intérieur.

-Je sais que ça vous paraîtra bizarre, mais il faut me faire confiance. C'est du dictame. Un genre de...

Elle hésita. Elle ne pouvait tout de même pas lui dire que c'était une potion de sorcière!

-Un genre de médicament à l'étude. Je dois le mettre sur ma cuisse. Vous verrez, je n'aurai plus besoin de chirurgie après ça.

Elle prit le comte goutte et en laissa tomber 5 tout le long de la plaie. Miraculeusement, le saignement stoppa, bien que la plaie resta ouverte. Le sort du Mangemort empêchait sûrement le dictame de faire l'effet normal de cicatrisation. Elle devait absolument convaincre ce médecin de la laisser sortir. Elle avait besoin des guérisseurs de Ste-Mangouste!

-Vous voyez? Je peux retourner chez moi maintenant... merci beaucoup pour vos bons soins...

Philippe était éberlué par la rapidité avec laquelle la plais venait de cesser de saigner.

- Que s'est-il passé au juste? Est-ce que je rêve?

La plaie ne saignait plus! Il ne comprenait pas pourquoi. Ce qui venait de se produire, il ne pouvait l'explique de façon rationnelle. C'était médicalement impossible, c'était... un miracle! Mais Philippe ne croyait pas aux miracles. Il devait y avoir une explication et il tenterait de la trouver. Que ce fut un nouveau médicament à l'essai le laissait perplexe.

- Je suis navré, mais je ne peux vous laisser partir si tôt. Qui me dit que vous ne vous remettrez pas a saigné bientôt, dans une heure ou dans cinq minutes. Je ne peux prendre le risque de vous laisser partir seule, de surcroît. Si vous avez de la famille, un ami, vous pourriez les contacter. Si dans vingt-quatre heures votre état reste stable, vous pourrez alors sortir.

24 heures? C'était impossible... évidemment qu'elle ne serait pas stable d'ici là! Le dictame ne faisait pas des miracles sur une telle blessure. Elle sentit la frustration monter en elle.

-Je n'ai pas de famille. Ils sont tous restés au Québec. Je suis seule, lâcha-t-elle avec impatience.

Elle prit une inspiration pour se clamer. Le hibou en profita pour hululer sa propre impatience, comme s'il avait voulu dire: Et moi? Vous m'oubliez! J'ai un message à aller porter!

-Écoutez, je sais que c'est difficile à croire, mais vous devez me faire confiance. Vous voulez vraiment m'aider à guérir? Alors, permettez-moi de sortir. Je...

Elle s'interrompit. Elle ne l'aurait pas comme ça. C'était, à l'évidence, un homme qui devait voir pour croire et faire confiance. Elle n'eut pas le choix.

-Je vous propose un truc. En fait, ce que je veux, ce n'est pas réellement retourner chez moi. Je dois retourner au centre de soins qui m'a donné ce médicament, dit-elle en montrant sa fiole de dictame. Venez avec moi. Comme ça, s'il m'arrive quelque chose vous serez là. Je vous jure que si ça ne fonctionne pas, je vous laisserai m'attacher dans mon lit et me garder hospitalisée aussi longtemps que vous le voudrez!

Méridith le supplia du regard. Le souffle court, légèrement étourdie à cause de la perte de sang, elle lui prit la main.

-S'il-vous-plaît, souffla-t-elle d'une toute petite voix...

- Votre entêtement est difficile à comprendre, mais j'accepte à une condition. Reposez-vous jusqu'à ce soir, prenez du mieux et je viendrai avec vous lorsque j'aurai terminé mon quart de travail. Je vais maintenant vous laisser. Je signerai votre congé et vous pourrez quitter sans problème. Attendez moi à la sortie du bloc C à 20h.

Mais que faisait-il? Jamais il n'aurait dû faire ça. Philippe venait pourtant d'enfreindre une simple règle d'éthique. Ne jamais laisser sortir un patient qui semble en difficulté. C'était pourtant encore le cas de cette Méridith. Quelques choses l'intriguait dans l'histoire de cette fille et il pensait pouvoir en savoir plus ce soir même.

- N'oubliez pas! Bloc C à 20h. Et si possible, renvoyez donc votre hibou par la fenêtre.

Le regard de Méridith s'illumina. Elle avait réussi à le convaincre!

-Oui oui, promis. 20 heures, bloc C, répéta-t-elle comme pour sceller sa promesse avant que le médecin ne quitte la pièce.

Elle jeta un regard à Guaquamol et pouffa de rire.

-On l'a échappé belle n'est-ce pas! lança-t-elle en riant.

Elle vit soudain une ribambelle d'étoiles danser devant ses yeux. Moldu ou sorcière, perdre autant de sang n'était pas bon! Heureusement, elle était encore branchée à ce drôle de tube qui l'alimentait en sang. Étrange... pensa-t-elle. Une potion de régénérante de sang suffisait pourtant! Elle chercha dans son sac un crayon pour répondre à la missive du bureau des Aurors. Lorsqu'elle eut terminé d'expliquer brièvement sa situation, elle attacha le petit bout de parchemin à la patte de Guaquamol.

-Aller, vas-y, l'avertit Méridith, sinon les infirmières vont t'arracher la tête.

Guaquamol ouvrit grand les yeux, et pour un hibou, ce n'était pas peu dire, et il s'envola rapidement par la fenêtre. Méridith ferma les yeux. Se reposer. Elle devait se reposer si elle voulait être capable de rejoindre Philippe au bolé c. Philippe. C'était un joli non... pensa-t-elle avant de s'endormir profondément.

À la fin de son quart de travail, Philippe se changea avant d'aller à la rencontre de Méridith. Une autre dure journée de labeur, sauf que la fin de celle-ci s'annonçait plus palpitante.

-Au moins, se disait-il, je ne reverrai pas mon salon pour souper! Je pourrais peut-être inviter cette fille au restaurant avant d'aller voir son fameux «centre de soins».

À l'approche du point de rendez-vous Philippe eut des gargouillis dans l'estomac, mais il ne vit pas Méridith à l'endroit où elle devait l'attendre...

-Mais puisque je vous dis que mon médecin m'a dit que je pouvais sortir!

Cela faisait 15 minutes qu'elle s'obstinait avec l'infirmière de garde qui lui certifiait qu'aucun médecin n'avait signé son congé. Philippe lui aurait-il menti pour se débarasser d'elle?

Philippe attendit une quinzaine de minutes en se demandant ce qui pouvait bien la retarder... à moins qu'elle n'ait décidé de fuir! Que faire dans ce cas?!

-Oh et puis, laissez tomber! soupira Méridith avant que l'infirmière ne quitte sa chambre.

Mais pourquoi Philippe lui aurait-il donné rendez-vous s'il n'avait pas eu l'intention de signer son congé? Il avait l'air plutôt jeune. Peut-être n'avait-il pas eu, en fin de compte, l'autorité nécessaire?

Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Sortir en douce!

De peine et de misère, elle s'habilla et saisit son sac et sa baquette qui, heureusement, avait été conservée dans l'un de ses tiroirs (ces moldus auraient tout aussi bien pu la prendre pour un simple bout de boisà mettre aux ordures!)

-Crackbadaboum! murmura-t-elle en pointant sa baguette sur une étagère de matériel médical qui était au fond du couloir, loin de sa chambre

Elle attendit que les infirmières se précipitent vers l'effondrement avant de se diriger vers l'assenceur. La marche lui avait été difficile avec sa blessure à la cuisse. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front. Elle espéra rejoindre son médecin rapidement. Il pourrait l'aider à marcher...

-Enfin! s'écria Philippe, vous êtes là!

Il était rassuré que la jeune femme n'ait décidé de fuir seule avec la blessure qu'elle avait. Elle n'aurait pu se rendre bien loin.

-Qu'y a-t-il? Vous semblez énervée!

Lorsqu'elle aperçut Philippe elle fut, à la foi, soulagée et en colère.

-Auriez-vous oublié de signer mon congé par hasard? L'infirmière ne voulait pas me laisser partir, lança-t-elle en marchant difficilement et prenant appui sur les murs. Je suis quand même heureuse de vous voir...

Pour la première fois, elle remarqua qu'il était plutôt beau garçon.

-Vous avez une voiture? lui demanda-t-elle après lui avoir indiqué où se situait Ste-Mangouste.

-Comment, oublié de signer votre congé? Ah! Je crois comprendre. Vous avez dû vous buter à cette chère infirmière qui a probablement, dans sa jeunesse, étudié avec Hippocrate lui-même. Pardonnez-la. Sa retraite la réclame depuis déjà trop longtemps, mais elle est têtue comme une mule et croit être encore pleinement efficace!

Ils se dirigèrent vers la voiture de Philippe.

-Bien sûr, répondit-il, elle est là. Prenez place. Au fait, n'est-ce pas un bâtiment désaffecté à cette adresse?

Méridith ne put s'empêcher de rire lorsque Philippe parla de l'infirmière zélée. Elle prit place dans la voiture de Philippe, non sans grimacer, puis secoua la tête lorsqu'il lui fit remarquer l'aspect désaffecté de la bâtisse qui abritait Ste-Mangouste.

-Croyez-moi... il n'est pas abandonné... assura-t-elle avec un sourire mystérieux.

Ils roulaient depuis un petit moment lorsque la douleur commença à se faire de plus en plus insistante. Méridith tenta de faire la conversation, question de s'occuper l'esprit et oublier sa douleur.

-Est-ce que vous êtes d'ici? Parce que vous avez un drôle d'accent...

Presque québécois, pensa-t-elle sans oser le dire. Parfois, elle s'ennuyait tellement de son coin de pays qu'elle imaginait des Québécois un peu partout!

- Non. Je fais ma résidence en médecine ici à Londre, mais je viens du Québec, de la ville de Québec plus précisément. J'ai étudié à l'université Laval jusqu'au printemps dernier. Mais il était or de question de travailler dans ma ville.

Philippe semblait ne pas vouloir en dire davantage sur ce sujet. Rapidement, il interrogea à son tour Méridith.

- Je ne veux pas trop m'avancer, mais je parirai que vous êtes également du Québec.

Méridith éclata de rire.

-Le monde est petit, s'exclama-t-elle en français. Je viens de Montréal. J'ai grandi là-bas, mais j'ai fait mes études dans le nord, ajouta-t-elle évasivement.

Elle n'allait quand même pas lui dire qu'elle avait étudié la magie à l'école de Sorcellerie de la Corriveau à Rawdon!!! Elle crut comprendre qu'il avait eu un malaise en parlant de sa ville natale. Tout comme elle en fait. Méridith sentit qu'elle avait quelque chose en commun avec lui. Quelle autre raison qu'un conflit familial pour s'exiler à Londres pour travailler?Sans lui poser directement la question, elle essaya d'en savoir plus sur les raisons qui l'avaient poussé à faire sa résidence à Londres.

-Pour moi non plus, il n'était pas question de travailler dans mon coin. J'avais envie de quelque chose de nouveau, de complètement différent. En fait, pour tout vous dire, mes parents n'ont jamais été d'accord avec mes choix... aussi bien m'éloigner un peu.

Cette confidence allait-elle pousser Philippe à en dire plus?

Puis, ils arrivèrent devant le magasin Purge and Pionce qui était fermé pour rénovation depuis tellement longtemps que tous les Londoniens passaient devant sans le voir.

-C'est ici! arrêtez-vous là. Il y a une place.

Elle mit le pied à terre, mais n'arriva pas à supporter son poids tant la douleur était puissante.

-Vous pouvez m'aider à marcher jusqu'à la porte? demanda-t-elle en espérant sans trop y croire qu'il allait simplement la laisser rentrer sans désirer l'accompagner.

Comment lui expliquer l'étonnante façon d'entrer à Ste-Mangouste?!

- Dans le nord ? se questionna Philippe. Au cégep Lionel-Groulx de Ste-Thérèse, ou encore celui de St-Jéromes, à moins que ce ne soit le cégep de Mont-Laurier. Pour un montréalais, c'est le bout du monde. Sinon, les universités sont inexitante dans ce "racoins de pays" du Québec, pensa-t-il.

- Vous travaillez dans quel domaine, que faites-vous normalement quand vous n'utilisez pas les services de taxi volontaire de pauvres médecins comme moi ? demanda Philippe à Méridith avant qu'elle ne lui dise qu'ils étaient arrivée.

Il sorti de sa voiture et alors qu'il se dirigeait vers la porte de Méridith, il observait les alentours et constata l'état lamentable du bâtiment.

- Rénovation?! On devrait plutôt lire "En court de démolition", dit-il à Méridith en l'aidant à sortir de la voiture.

- Comprenez-vous comment dans cet état de tels immeubles peuvent rester debout ? On dirait presque qu'ils ont peur de tomber... ou qu'ils tiennent par une quelconque magie.

Méridith éclata de rire. Un taxi volontaire... il avait le sens de l'humour!

-Ce que je... je fais? bégaya Méridith. Disons que...

Elle chercha désespérément une porte de sortie.

-Disons que je suis un genre de... comment dire, de détective. Au privé, il va s'en dire! J'aide les gens qui en ont besoin.

C'était vague et pas tout à fait faux. Une réponse parfaite de sorcière qui tente par tous les moyens de maintenir le décret international du secret sorcier!

Ils s'avancèrent jusqu'à la vitrine où l'on pouvait voir des vieux mannequins un peu défraichis.

Elle éclata à nouveau de rire, mais cette fois-ci, elle rit jaune...

-De la magie! Comme c'est drôle! Effectivement... c'est étrange...

Philippe ne se doutait pas combien il était près de la vérité!

-Bon et bien, merci pour vos bons services! Je suis à bon port maintenant. Vous pouvez retourner à vos patients. J'ai été ravie de faire votre connaissance Philippe. Je vous donnerai de mes nouvelles dès que je serai guérie!

Elle lui tendit la main en guise d'au revoir espérant qu'il ne veuille pas entrer avec elle pour s'assurer que c'était bel et bien un centre de soins comme ellle le lui avait dit...

- Vous êtes certaines d'être au bon endroit ?

Philippe doutait sérieusement qu'il put se trouver dans cette édifice lugubre un centre de soin. Ce dictame qui avait arrêté le saignement de la plaie de Méridith quelques heures auparavant l'intriguait déjà beaucoup, mais l'idée que ce médicament provienne d'un lieu semblable le poussait encore plus à découvrir la vérité. La vérité semblait se cacher de plus en plus au côté de cette jeune fille. Est-elle vraiment un détective comme elle l'affirmait ?

Elle était tremblante et sa peau déjà blanche palissait encore. Ses yeux tantôt lumineux se voilaient peu à peu. Méridith avait besoin de soins rapidement même si elle voulait faire croire à Philippe qu'elle allait bien. Mais Philippe voyait bien que son état se dégradait.

Alors qu'elle croyait pouvoir se débarrasser de Philippe en lui tendant sa main moite, il lui répondit sans hésitation :

- Je ne puis vous laisser seul. Vous vacillez et risquez de tomber à tout moment. Laissez moi vous aider jusqu'à ce qu'on trouve quelqu'un pour vous soigner.

-Oui, oui, c'est le bon endroit. Ils veulent seulement passer inaperçus, c'est tout.

Mais allait-il enfin arrêter avec ses questions?! À croire qu'il lui fallait toujours des preuves, des certitudes... Ouais, c'était un médecin après tout, un scientifique qui fixait des diagnostics avec des résultats concrets...

Lorsqu'il refusa de la laisser entrer seule, Méridith ferma les yeux. Elle allait devoir faire avec. Il était toujours possible de modifier sa mémoire pour qu'il ne conserve aucun souvenir de son passage dans le monde des sorciers, mais c'était une extrémité à laquelle Méridith n'aimait pas en venir. Elle l'utilisait le moins possible.

-Très bien, dans ce cas, aidez-moi, il faut d'abord s'annoncer et... dit-elle en pointant le mannequin de femme dans le vitrine avant de s'écrouler soudain sur place.

Elle vit des étoiles... du sang imbibait son pantalon et dégoulinait le long de sa jambe. Non seulement l'hémorragie avait repris, mais Méridith avait perdu connaissance!