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 Harald Timbal [Fantasy/Trône de Fer]

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2 participants
AuteurMessage
Harald Timbal

Harald Timbal


Messages : 1
Date d'inscription : 16/02/2012

Feuille de personnage
Age du personnage: 27 ans
Type d'univers: Fantasy/Trone de Fer
Métier/fonction: Capitaine

Harald Timbal [Fantasy/Trône de Fer] Empty
MessageSujet: Harald Timbal [Fantasy/Trône de Fer]   Harald Timbal [Fantasy/Trône de Fer] I_icon_minitimeJeu 16 Fév 2012 - 20:42

1) Type de RP recherché :

Pour être franc, le style de l'autre joueur m'importe peu. Le but c'est de s'amuser, alors ceux qui veulent jouer avec moi n'auront qu'à me le demander \o/ Par contre, autant prévenir tout de suite... je suis assez lent. Voire très lent.

2) Univers joué

Personnage basé sur l'univers de GRR Martin Le Trone de Fer. Vous trouverez sur Wikipédia un magnifique résumé. Et le forum d'origine de mon Haraldounet est http://www.song-of-ice-and-fire.com/
Valaaaaaaa \o/

3) Fiche de personnage

● Nom : Timbal, bien qu’il ne l’utilise plus. Il l’utilisait quand il était jeune, mais lui préfère désormais son surnom de Trompe-la-Mort plus prompt à apporter terreur et respect dans le cœur de ses ennemis et de ses alliés. Malgré tout, le fait qu’il soit issu de cette famille peut lui servir dans certaines situations, chose qu’il n’a pas oublié.
● Prénoms : Harald. Ce nom lui a été donné en hommage au père du Lord Timbal actuel, et aussi à cause de son sens : « Celui qui commande les armées ». Harald ne se considère pas comme un général, mais il apprécie malgré tout le sens martial de ce nom.
● Sexe : C’est un homme. Bien qu’il n’ait commencé à être considéré comme tel et à le prouver aux dames qu’il y a une dizaine d’années.
● Âge : Harald a vingt-six ans, même s’il n’a commencé à profiter de la vie qu’il y a une dizaine d’années, et à être enfin l’homme qu’il était destiné à être.
● Origine : Harald vient du Vieux Wyk, la demeure ancestrale des Timbal, sur laquelle ils reignent sans partage. Mais il a passé au final presque autant de temps sur le pont du navire de l’ami de son père, Qarl et sur son propre navire nommé le Cruel qu’à l’intérieur du château.
● Métier : Homme d’armes. Roi. Car tout capitaine est un roi sur son navire, et c’est encore plus vrai pour un homme comme Harald. Mais malgré tout, il n’a rien d’un noble ou d’un Lord. Il est de plus le fils héritier du Lord Timbal actuel, du fait qu’il est son seul fils survivant, même s’il n’espère par hériter du titre de Lord sous peu.



● Physique : « Beau. Charismatique. Puissant. »
Voilà comment Harald se décrirait, si on lui laissait le choix. Et s’il était ivre de victoire ou d’alcool, comme cela est assez souvent le cas.
Et même s’il est vrai qu’il peut posséder un certain charme, le trait est fortement exagéré.
C’est un homme à la musculature développée, surtout au niveau des épaules et des jambes. Des années d’entrainement et de combat s’en sont assuré. Mais ces muscles sont fins, plus proches de ceux d’un prédateur tel que le loup ou le félin que d’un ours ou d’un sanglier. La vitesse est privilégiée sur la taille. L’agilité sur la force.
Le reste de son corps est bien proportionné, tant le régime d’exercice qu’il s’applique l’empêcherait de prendre du poids à force de festins et boissons alcoolisées. Pas une once de graisse, mais une musculature à peine plus développée que la moyenne là où elle ne lui sert pas, comme au niveau des abdominaux ou du cou.
Il est d’une taille moyenne pour la région où il habite, ne dépassant pas le mètre quatre-vingt lorsqu’il est tête nue.
Ses cheveux sont longs, lui arrivant pour le moment au milieu du dos, et il ne les coupe que lorsqu’ils deviennent une gène sur le champ de bataille. C'est-à-dire rarement. Malgré le sel qui les a attaqués, et la crasse qui s’y incruste, il est toujours possible de voir qu’ils sont d’un blond pâle, plus sombre malgré tout que celui des Targaryen. Lorsqu’il lui arrive de les laver, ils prennent la couleur de l’or ou des blés, malgré leurs reflets sombres, le temps qu’il ne trouve un moyen de les salir à nouveau.
Son visage, comme le reste de son physique, peut rappeler un prédateur. Ses yeux sont acérés, vifs, clairs comme les reflets du soleil sur l’océan, qu’ils ont connu de près. Et ils semblent toujours briller d’une lueur amusée, comme s’il connaissait un secret dont nul autre n’avait la clé. Ils sont creusés de cernes depuis sa renaissance, comme si la fatigue qu’il avait connu ce jour l’avait imprégné et ne pourrait jamais le quitter.
Accompagnant ce regard amusé on trouve un sourire omniprésent, dont le seul changement se situe dans les nuances de sentiment qu’il apporte. Car il peut être amusé, joyeux, mais aussi cruel et sûr de lui, par rapport à la situation. Les hommes de son équipage ont vite appris que Harald était plus dangereux lorsqu’il souriait que lors des rares instants où son visage perdait cette expression.
Ses joues étaient gonflées à une époque, mais ce temps est révolu, et ses années de combat et de navigation les ont creusées davantage, les mettant au niveau du reste de son visage, suivant la ligne de son menton. Cette finesse et cette unité rappelle parfois la forme de la coque d’un navire, comparaison qu’il prendra toujours avec le sourire.
Il lui arrive de laisser pousser une légère barbe sur son menton fin, principalement lorsque ses voyages en mer se font longs. « Les raids sont faits pour tuer, les voyages pour piller, pas pour se soucier de son apparence » déclare-t-il à qui veut l’entendre.
Lorsqu’il va au combat, il arbore des peintures de guerre sous la forme de traits noirs marqués au charbon ou à la cendre, qu’il n’efface qu’une fois revenu sur ses terres avec les coffres remplis. Il ne prend pas non plus la peine de se laver, prenant ainsi une apparence boueuse et négligée tant qu’il ne revient pas sur le Vieux Wyk ou chez des amis de sa famille.
Il arbore des cicatrices comme certains arborent leurs bannières et leurs titres de noblesse, se vantant d’en avoir plus qu’il n’y a d’étoiles dans le ciel et de poissons dans la demeure du Dieu Noyé, même si seulement deux d’entre elles sont visibles en permanence. Une qui part de son nez à son oreille droite, faite par un de ses hommes lors d’une mutinerie, et celle le long de sa jugulaire gauche, le jour précédent sa renaissance.
Pour les vêtements, il privilégie les tenues pratiques au combat, étant donc larges et amples, et n’empiétant pas sur ses mouvements. Les tissus sont de laine et de lin, vu qu’il considère la soie et le coton comme l’apanage des hommes faibles des Sept Couronnes et des Harloi. Il dédaigne facilement les capes, celles-ci n’étant pas pratiques pour se déplacer. Il n’en mettra une que si le froid venait à être trop intense, le vent trop mordant, ou la pluie trop dure.
Il préfère les teintes sombres, mais n’a que cure que couleurs utilisées, passant du noir au vert ou au pourpre sans problème. Il prétend que c’est afin de rendre hommage au Dieu Noyé, qui préfère ces couleurs-ci, mais d’aucuns racontent qu’il s’agit avant tout d’un moyen de faire ressortir ses bijoux.
Car Harald possède des bijoux, chacun d’eux pris à un homme en payant le fer-prix. Il en prend d’ailleurs un par adversaire vaincu, quitte à les remettre dans le coffre de son navire, afin de pouvoir garder le compte des hommes qu’il a tué ou battu dans sa vie. Le seul qu’il porte en permanence est la broche qu’il utilise pour fermer le col de sa tunique, le bijou qui appartenait au premier homme qu’il a tué.
La deuxième possession qu’il ne quitte jamais est Pluie Pourpre, l’épée en acier valyrien de sa famille, que son père lui a confié le jour de la renaissance, et qu’il s’assure de garder à la hauteur de sa réputation. Il l’a toujours à la ceinture, dans un fourreau de bois sombre cerclé de bronze. Un fourreau sobre, pour une arme qui n’a rien de commun.


● Personnalité : Le premier trait de caractère qu’il faut reconnaître à Harald est le fait qu’il est sûr de lui. D’aucuns diraient vaniteux, et ils auraient sans doute raison. Harald est confiant en ses capacités, et va parfois même jusqu’à les surestimer, ce qui fait de lui un combattant et un capitaine sans peur et hors-pair. Il ne comprend pas que l’on puisse douter de lui alors qu’il a forcément raison, et son équipage a appris à ne plus remettre en question ses ordres sous peine de finir comme sacrifice au Dieu Noyé, dans le meilleur des cas.
Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’un masque qu’il arbore pour gagner respect et crainte, ou se faire une réputation. Il sera prêt à charger en toute situation, même s’il lui arrive parfois de reculer dans une situation qu’il sait perdue d’avance. Vaniteux, mais pas encore assez fou pour ne pas comprendre lorsqu’un combat tourne à son désavantage.
Avec cette confiance en lui vient son aspect belliqueux. Il ne supporte pas que son « talent » soit laissé à l’abandon, et lorsqu’il n’est pas en mer à la recherche d’un nouvel endroit à piller ou de nouveaux ennemis à éliminer, il est sur un terrain d’entraînement à perfectionner son maniement de la lame. Et cela se ressent même lorsqu’il parle ou donne des ordres, puisqu’il est prompt à la colère et au châtiment, et nombreux sont ceux qui ont perdu la vie lors d’un duel avec lui parce qu’il considérait qu’ils avaient insulté son honneur.
Car, malgré le fait qu’il soit un Fer-Né sans pitié, Harald possède une forme d’honneur bien particulière. Il n’affrontera pas d’adversaire désarmé, ni ne tuera de femme ou d’enfant qui n’auraient choisi la mort d’eux-mêmes. Et il sait récompenser le talent à la hauteur de ce qu’il mérite, sans prendre en compte la naissance de la personne qu’il récompense.
Et bien entendu, il possède un honneur personnel, une gloire qu’il a amené sur son nom depuis les dix dernières années, et il supportera encore moins qu’on l’attaque à ce sujet, ou sur le sujet de sa vie précédente.
Car il a tout oublié de l’homme qu’il avait été. Ou plutôt, il a oublié ce qui ne lui servait pas et ce dont il a encore honte aujourd’hui, et l’a offert avec son nom au Dieu Noyé.
Depuis sa renaissance, c’est un fervent croyant de l’Antique Voie, n’oubliant jamais de rendre hommage aux prêtres lorsqu’il arrive dans un lieu où il en existe un, ou bénissant la terre sur laquelle il pose le pied si elle n’a pas été consacrée par un noyé.
Il paie le fer-prix pour tout ce qu’il gagne, et n’a jamais pris ou vendu d’esclave pour de l’argent, bien qu’il ait nombre de femmes-sel et de serfs. Il a même pris comme membre de son équipage le fils de son premier serf, lui accordant une place égale à celle d’un Fer-Né dès qu’il fut en âge de monter sur un pont.
Il considère comme inférieur et indigne de respect tout Fer-Né se tournant vers d’autres traditions que celles de l’Antique Voie, et ce fut aussi une raison de duel à mort avec quelques membres d’équipages, notamment ceux de Sargon Harloi. La survie de Harald et la mort de ces hommes prouve en soi quelle croyance était la plus forte des deux. Aux yeux de Harald et de ses hommes en tous cas.
Harald est par contre un homme menaçant et effrayant, qui connaît le prix à payer pour que son nom soit craint des hommes des terres vertes. Ainsi, lorsqu’il attaque un village, rien n’est laissé derrière, et les terres sont brûlées puis salées, afin que rien n’y repousse. Les hommes indignes d’être sacrifiés au Dieu Noyé sont écartelés et leurs cadavres pendus à des arbres pour servir d’exemple, alors que toutes les femmes, tous les enfants et toutes les richesses sont emmenées à bord de son Cruel jusqu’au Vieux Wyk.
Mais si quelqu’un venait à faire du mal aux prisonniers, il subirait un châtiment pire que celui de ses ennemis. Car Harald peut supporter qu’un adversaire le défie (après tout, c’est le principe même d’un adversaire), mais il ne tolère pas l’insubordination de ses propres hommes. L’histoire de Wil-Sans-Queue est un bon exemple, un homme qui, pour avoir violé une femme sans pour autant la prendre comme femme-sel, a dû couper et manger sa propre virilité, avant d’être empalé vivant par l’endroit où elle se trouvait, et laissé agonisant sur une plage, où il servirait de repas aussi bien aux créatures du Dieu des Tornades qu’à celles du Dieu Noyé.
Ce régime disciplinaire strict fait que Harald est considéré comme l’un des capitaines les plus craints et les moins aimés de la flotte des Fer-Nés, mais davantage par ses compatriotes que par les hommes de Westeros, qui ne savent pas faire la différence entre lui et n’importe quel autre vassal du kraken. Mais la crainte et le respect sont, selon lui, les deux côtés d’une même lame. Tout aussi tranchant l’un que l’autre, mais intimement liés, et tout aussi aptes à le défendre contre ses rivaux.


● Famille :



CE QUI EST MORT NE SAURAIT MOURIR


Les Timbal sont une famille ancienne des Iles de Fer, vassaux des Greyjoy depuis la mort de Harren le Noir. Ils n’apprécient pas particulièrement les krakens, considérant qu’ils n’ont pas plus de légitimité à la couronne des Iles que d’autres familles, puisque celle-ci leur a été offerte par des hommes extérieurs, qui ne connaissent rien à l’Antique Voie.
Mais ils ont malgré tout un certain respect pour Dagon Greyjoy, qui semble désireux de reprendre le combat avec plus de virulence que jamais, et s’avère être un chef digne de ce titre, tout en suivant l’Antique Voie.
Comme le laisse penser leur devise, il s’agit d’une famille très pieuse, qui croit en l’Antique Voie et méprise ceux qui ne la suivent pas, ou sont trop proches des croyances et coutumes des contrées vertes selon eux.
Ils siègent dans la demeure de Vieux Wyk, sur l’île du même nom et dont ils sont les suzerains. Parmi les maisons qui leur doivent allégeance, on compte les Bonfrère de Shatterstone et les Maisonpierre de Maisonpierre.
Leur blason est une main en os, blanche sur champ rouge.
En plus de leur rang et de leur puissance, ils possèdent une épée en acier valyrien, Pluie Rouge, obtenue par Hilmar le Matois dans une époque lointaine. La légende raconte qu’il l’aurait gagnée en battant un chevalier en armure uniquement à l’aide d’une matraque et de sa vivacité d’esprit. Cette lame est aujourd’hui entre les mains de l’héritier de la maison, Harald.

Leur Seigneur actuel est Aeron Timbal, deuxième fils de Harald Timbal.
C’est une homme d’une soixantaine d’années, au visage buriné par les vents et le soleil, marqué de cicatrices qui sont autant de signes de ses années de batailles et de pillage. Il a perdu un œil face à un chevalier de Westeros dont l’emblème était un chasseur rouge et qui, il le jure, maniait une épée d’acier valyrien.
Il déclare avoir arrêté de compter ses victoires le jour où il n’y avait plus assez de doigts dans tout son équipage réuni pour tenir le compte et, même s’il s’agit d’une vantârdise amusée, personne ne peut nier qu’il a en effet connu beaucoup plus de victoire que de défaites.
Malgré son âge, il n’a rien perdu de sa force ni de sa volonté d’antan, et est toujours un fier capitaine, ainsi qu’un guerrier redouté. C’est de plus un homme joyeux et prompt au rire et aux festins, trouvant toujours quelque chose à célébrer qui vaillent la peine que l’on sorte l’alcool et la nourriture.
Il quitte souvent sa demeure du Vieux Wyk, la laissant entre les mains de sa femme-roc alors qu’il part guerroyer, piller, rencontrer ses vieux amis ou voir ses femmes-sel.
Il a eu trois garçons et deux filles, dont il ne reste aujourd’hui que deux survivants.

Sa femme est Taya Volmark, la sœur du Lord Volmark actuel, première fille du Lord précédent.
Elle est à peine plus jeune que son mari, et on voit encore dans ses traits marqués par l’âge qu’il s’agissait d’une beauté dans sa prime jeunesse, blonde avec ses yeux clairs…
Elle a à peine été marquée par les accouchements, étant presque aussi fine qu’elle l’avait été la première fois qu’elle avait posé ses yeux sur le vieux Wyk plus de quarante ans plus tôt.
Elle est travailleuse, fidèle à son mari et respectueuse de ses choix de voyager comme il le fait. Les hommes et les femmes du Vieux Wyk ont tous appris à la respecter et à l’aimer comme il se devait.

Gelmar Timbal l’Ancien était le frère ainé de Aeron. Depuis la mort de sa première femme, il n’avait jamais voulu en toucher une autre, et est ainsi mort sans héritier à l’âge de quarante-deux ans, laissant son titre et ses terres à son frère de deux ans son cadet.

Andrik Timbal, dit le Rusé était le premier fils de Taya et Aeron. C’était un jeune homme plein de vie, aussi doué au combat qu’il l’était en navigation et en diplomatie.
Et pour courronner le tout, il était beau comme un homme n’aurait jamais du pouvoir l’être. Il aurait du hériter du Vieux Wyk et de Pluie Pourpre à la mort de son père, mais il est malheureusement mort noyé lors d’une tempête il y a de cela douze ans. Son corps a été retrouvé trois jours plus tard, à moitié dévoré par les poissons, sur les plages du Vieux Wyk.

Harald Timbal, dit Trompe-la-Mort est le second fils de Taya et Aeron. Il est né trois ans après son frère, et n’aurait jamais dû se trouver dans la position de l’héritier.
Mais malgré tout le destin en a voulu ainsi, et il est aujourd’hui l’un des deux seuls survivants des enfants de son père.

Elyn Timbal est la première fille de Taya et Aeron, née un an après Harald.
Elle est aujourd’hui mariée à l’héritier des Forgefer.

Gelmar Timbal, dit le Jeune, est né deux ans après Elyn. Il est mort un an plus tard de la léprose, dont personne ne réussit à le sauver.
Il avait une sœur jumelle, Kyra.

Kyra Timbal, dernier enfant de Taya et Aeron avait deux ans lorsqu’un tragique accident est arrivé. Un chien enragé s’est enfui du chenil et a réussi à entrer dans la salle à manger. Avant que l’on le puisse l’abattre, il avait déjà dévoré la moitié du visage de Kyra.
Elle était vivante, mais gravement blessée et défigurée.
Peu après la mort de Gelmar, Harald disparut. Cela fut trop à supporter pour elle, et elle s’offrit au Dieu Noyé, entrant dans la mer pour ne plus jamais en ressortir.



● Résumé : Le capitaine glorieux, au coeur de guerrier
Oyez, oyez, le Trompe-la-Mort vient
Un jour de deuil, sur une île il est né
Écoutez, écoutez, le Trompe-la-Mort vient
Élevé par l'océan, de navire en navire,
Oyez, oyez, le Trompe-la-Mort vient
Quand son frère meurt, il devient héritier
Écoutez, écoutez, le Trompe-la-Mort nait

Ohohooooo ohohoooooooo

Harald, Harald,
Capitaine du Cruel, par la mer avalé
Élu du Dieu Noyé
Ravageur des contrées, épée à la main
La Pluie Pourpre s'abat, du soir au matin

● Histoire : « C’est un garçon ! » hurla le prêtre du Dieu Noyé, soulevant le petit amas de chair rose au-dessus de sa tête, afin que tout le monde puisse le voir.

Aeron poussa un cri de joie et prit son meilleur ami Qarl dans ses bras, manquant de le soulever du sol.
Immédiatement après, il accourut aux côtés de sa femme. Elle souriait elle aussi. Quel plaisir de voir un sourire sur son si beau visage, après les heures de souffrances qu’elle venait de connaître.
Le prêtre rapprocha le garçon des deux parents, et laissa le père s’en saisir. Il était si petit à l’époque. Aeron aurait presque pu le tenir à une main, s’il n’avait eu peur de le lâcher. Ils le regardèrent, leur fils qu’ils avaient tant attendu, et qu’ils allaient tant aimer.
Un cor sonna à l’extérieur. Aeron reconnaissait ce son. C’était le signe que Gelmar venait de rentrer. Cette journée commençait sous les meilleurs augures, il fallait le reconnaître.

« Comment allez-vous l’appeler ? » demanda le prêtre, un homme d’une trentaine d’années, avec plus de barbes que de cheveux. Son nom était Orell.

Aeron sourit en regardant sa femme, puis se tourna vers le prêtre. Soutenir son regard était difficile, à cause de l’amas de chaire tendre qui remplaçait son œil droit, mais sa joie faisait
tant plaisir à voir qu’Orell y parvint sans broncher.

« Harald. Comme mon père. »

Son sourire montrait qu’il avait encore toute ses dents, ce qui était rare pour un guerrier aussi expérimenté que lui.
Le jeune Andrik n’avait que trois ans à l’époque, mais on pouvait déjà voir qu’il serait un bel homme, lorsque son visage commencerait à perdre son aspect enfantin. Il avait accouru à côté de ses parents, dans le but de voir son petit frère.

« Tout p’tit ! » déclara-t-il, en pointant vers la virilité de son frère.

Harald éclata de rire.

« Ton vermisseau n’était pas grand non plus lorsque tu es né ! Je dirais même… qu’il était plus petit en fait.»

Andrik fit mine de bouder, puis éclata de rire lui aussi. Un rire d’enfant, un rire joyeux. Il était rare d’en entendre dans le Vieux Wyk, et personne n’allait se plaindre de cette effusion de joie.
Surtout s’ils avaient su ce qui allait arriver après.
Les hommes de l’équipage du Sans-Pitié, le navire d’Aeron, vinrent tous rendre hommage au fils de leur capitaine. Ils n’amenèrent pas de présent. Cela aurait été mal vu, le jeune Harald n’ayant pas encore les moyens de payer un fer-prix pour un cadeau quelconque.
Seul le quartier-maître du navire vint, offrant au père du jeune garçon une dague en acier de château.

« J’ai payé le fer-prix pour cette arme… et plus que ça d’ailleurs. »

Il souleva sa tunique, et tous virent la cicatrice qui ornait son flanc droit. C’était un miracle qu’il ait pu survivre à une blessure pareille, et pourtant il se tenait devant eux.

« J’aimerais que tu lui donnes lorsqu’il sera en âge de la porter, Aeron. »

Seul le vieux Qarl pouvait se permettre de parler comme ça au capitaine du Sans-Pitié. Il était le seul à le connaître depuis suffisamment pour ça. Il lui arrivait même de plaisanter sur l’époque où il le portait dans ses bras et avait du supporter ses crises de larmes, au mieux. La plupart du temps, le bébé vidait simplement sa vessie sur le guerrier.

« D’ailleurs ce p’tit bout là… Tu me le feras pas garder ! Mes tuniques ont déjà assez bu de Jaune de Timbal jusqu’à la fin de mes jours ! »

Son rire résonna dans le hall où la naissance avait eu lieu, et rapidement tout l’équipage s’y joignit, sous le regard choqué, mais amusé, de la mère du jeune garçon.
Une fois que l’équipage fut assemblé, Orell demanda à ce qu’on lui rende l’enfant. Et tous firent une procession jusqu’à l’océan, priant le Dieu Noyé d’accorder force et bravoure au nouveau-né.
Une fois arrivés sur la plage, Orell reprit les paroles rituelles, qui étaient aussi la devise de la maison Timbal. Tout en faisant ainsi, il s’enfonca dans la mer jusqu’à ce qu’elle atteigne ses genoux, inbibant ses robes d’eau salée, des algues s’aggripant à ses jambes.

« Ce qui est mort ne saurait mourir… »

Il plongea l’enfant dans les vagues, laissant l’écume recouvrir ses avant-bras et l’extrémité de sa barbe.

« Mais se lève à nouveau, plus dur à la peine, et plus vigoureux », reprirent les hommes et les femmes assemblés sur la plage.

Le prêtre sortit l’enfant de l’eau, et vérifia qu’il allait bien. Il ne se noyait pas, et semblait avoir bien résisté à l’eau de mer.

« Il est fort ! Et devant vous, ainsi que devant le Dieu Noyé, nous le nommons Harald ! Harald Timbal, fils de Aeron et Taya, futur capitaine de son propre navire, et ennemi du Dieu des Tornades ! Célébrez, car aujourd’hui un Fer-Né est sorti de l’océan, plus dur à la peine et plus vigoureux ! »

Un rugissement s’éleva de la plage. Un rugissement qui prit une forme, devenant avec le temps un mot, un seul, scandé tel une mélopée.

« Harald ! Harald ! Harald !
- Harald Timbal est né ! hurla Orell »

Alors que le prêtre regagnait la plage, il vit plusieurs personnes s’approcher. Ils étaient épuisés. Ils courraient. Mais surtout, certains étaient blessés.
Orell reconnut celui qui était à leur tête. Gelmar, le Lord de Vieux Wyk. Il n’avait pas prévu que son bâteau arriverait si vite. Il aurait repoussé la bénédiction, sinon.
Mais vu l’expression que Gelmar affichait, la naissance de son neuveu était le cadet de ses soucis. Orell garda l’enfant contre lui, et s’approcha de Gelmar.
Aeron, de son côté, avait couru vers son frère dès la fin de la bénédiction.
Le prêtre noyé n’entendit que la fin de la conversation :

« … tuée ! Je les ai eus jusqu’au dernier ! »

Aeron prit son frère par le bras, et l’éloigna de la foule de curieux qui commençait à s’amasser, le rapprochant du prêtre. Gelmar avait toujours été un fier combattant, sans peur, et prêt au combat, mais il était aussi prompt à la colère et à la vengeance. Quel que puisse être le prix. Aeron avait toujours servi de balance, calmant son frère par des mots réfléchis et posés, lui expliquant pourquoi le calme le servirait mieux que la colère. Il semblait qu’il allait encore une fois faire preuve de son talent.

« Calme-toi, Gelmar. Et redis-moi ça calmement. »

Aeron jeta un regard en coin à Orell. C’était à lui que cette histoire était destinée.

« Ma femme… je la ramenais ici, après être allé voir sa famille, quand… quand on nous a attaqué. Des hommes à la peau noire. Des Cités Libres, ou au-delà. Ils nous ont assailli en se faisant passer pour des marchands. Ils ont tué la moitié de mon équipage, attaché l’autre moitié… et lorsqu’ils ont vu Elyn… lorsqu’ils l’ont vue… »

Il éclata en sanglots, posant son front sur l’épaule de son frère. Des marins des Iles de l’Eté ? Il était étonnant d’en voir si loin de chez eux. Mais pas vraiment surprenant.
Mais qu’ils aient osé s’attaquer à un navire Fer-Né…
Rapidement, les larmes firent place à la rage, et Gelmar reprit son récit :

« Ces chiens sans honneur l’ont prise, devant nous. Un par un. Plusieurs à la fois, même. Kal le Musclé a fini par se libérer, et m’a détaché. Lorsqu’ils ont vu ça, ils l’ont égorgée. Comme on égorge un porc. J’ai pris une de leurs épées, et je les ai tous tué. Un par un. Ils n’avaient pas l’effet de surprise pour eux, cette fois. J’ai laissé leurs tripes se verser sur le pont de mon navire, avant de renvoyer leurs cadavres sur le leur et d’y mettre le feu. Ils ne méritaient pas que je les sacrifie au Dieu Noyé. »

Orell hocha la tête. Un tel sacrifie aurait presque été insultant.
Ce n’est que lorsque Harald se mit à pleurer que Gelmar se rendit compte de sa présence. Un sourire illumina son visage.

« Aeron est-ce que… »

Aeron hocha la tête, lui souriant malgré la tristesse qu’il cachait dans ses yeux.

« Je peux ? » demanda Gelmar à Orell.

Le prêtre lui tendit l’enfant, et son oncle le prit dans ses bras. Pendant ces quelques instants, il en oublia Elyn et les hommes des Iles de l’Eté. Il s’en rappellerait bien assez tôt. Qu’il profite de ces quelques instants de bonheur simple.

Le lendemain, le corps d’Elyn fut remis à la mer, sous la tutelle d’Orell. Gelmar ne pleura pas une seule larme, mais les vagues étaient agitées.

« Même le Dieu Noyé regrette qu’elle doive le rejoindre si tôt », expliqua le prêtre.

Le Lord de Vieux Wyk hocha la tête. C’était ce qu’il voulait entendre.

Ainsi, en deux jours furent célébrés une naissance et une mort. Seule la vie pouvait payer pour la vie.
Et la vie de Harald avait été durement payée. Ce fut donc pour le bonheur de tous qu’il survécut à sa première année sans problème, et qu’il semblât grandir plus vite qu’un garçon de son âge l’aurait du.
Ce fut sans surprise que l’on découvrit durant cette année que Taya était à nouveau enceinte. Célébrer le dueuil et sa joie dans l’union charnelle du mariage était quelque chose de naturel. Dix mois après la naissance de Harald naquit Elyn, nommée en hommage à la femme de Gelmar. Il fut très touché par ce symbole d’amour de la part de son frère et de sa belle-sœur, et ce fut l’une des seules fois de l’année où on le vit sortir de sa chambre.
Car Gelmar se faisait de plus en plus rare, ne prenant plus jamais la mer, et ne se montrant que lors d’occasions exceptionnelles. Et à chacune de ses apparitions, il apparaissait plus maigre et affaibli, comme si quelque chose aspirait la chair de sa peau et la vie de son être.
Alors que Harald grandissait et se renforçait, qu’il apprenait à marcher et à naviguer, qu’on lui enseignait les principes de l’Antique Voie, Gelmar faiblissait, et finit par ne plus quitter son lit.
Aeron passait beaucoup de temps à son chevet et, lorsqu’il ne le pouvait pas, Taya et Orell prenaient le relais.
Quelques fois, les enfants lui rendaient visite. Il appréciait ces visites, mais semblait ne pas savoir quoi faire d’eux, comme un homme à qui on aurait donné un bras en trop.
Il était toujours souriant, mais son sourire n’atteignait jamais ses yeux.
Et un jour, le sourire s’éteignit.

« C’est un grand homme qui nous a quitté aujourd’hui, déclara Orell. Un superbe Lord, un encore meilleur capitaine, et surtout le plus grand des frères et des amis. Mais ne nous attristons pas, car en ce jour, il rejoint le Dieu Noyé, où il festoiera pour l’éternité dans ses halls immergés, servi par les sirènes, aux côtés de ses ancêtres ! »

Harald comprenait ce que cela voulait dire, mais il ne comprenait pas pourquoi les hommes du Vieux Wyk venaient tous s’agenouiller devant son père après, ni pourquoi Aeron se pencha devant Orell pour recevoir sa bénédiction.
C’est Andrik qui le lui expliqua. Andrik avait sept ans, à l’époque, et comprenait plus de choses que lui.

« Père est le Lord maintenant. Et un jour, Vieux Wyk sera à moi. Et tu seras à mes côtés comme Père l’était pour notre Oncle. »

La destinée de Harald venait de changer. Du fils d’un homme sans terres et sans titre, il devenait le fils de quelqu’un. Le fils du Lord.
Mais il ne pouvait pas encore comprendre ce que cela allait signifier pour lui…
Deux mois plus tard, Taya accoucha à nouveau. Ils nommèrent cet enfant Gelmar, en hommage au frère qu’ils avaient perdu. C’était un beau garçon, qui avait les mêmes cheveux blonds que sa mère et son frère, alors qu’Andrik les avait bruns. Il avait par contre les yeux de son père, des yeux clairs qui faisaient retomber toutes les femmes qui venaient voir le bébé en enfance.
Mais Gelmar n’était pas le seul à être né. Car de l’union d’Aeron et Taya était aussi née une petite fille, Kyra. Elle était encore plus belle que son frère, pour ce que l’on peut en juger pour un bébé.
Et heureusement pour elle, elle ne contracta pas la léprose qui emporta son frère l’année suivante.
Cette année fut une année de grande tristesse pour tous, et Aeron n’était même pas là pour pleurer son fils. Son devoir l’avait appelé aux côtés de son suzerain, et ils étaient partis piller les côtes de Westeros ensemble.
Sa rage fut telle lorsqu’il revint qu’il brisa la table du Grand Hall du Vieux Wyk d’un coup de marteau de guerre, la frappant, la frappant et la frappant jusqu’à ce qu’il n’en reste que des éclats suffisamments petits pour qu’on les mette dans une cheminée.
Il reprit aussitôt la mer, et on ne le revit pas pendant deux ans.
Il fut donc absent pour la première réussite au combat de son fils Harald, qui avait battu Andrik sur le champ d’entrainement. La vitesse avait réussi à l’emporter sur la taille, et Harald avait couru dans tout le château pour crier sa joie à tous ceux qui voulaient bien l’entendre. Mais lorsqu’il arriva dans le hall, le cri qu’il poussa n’avait plus rien à voir avec de la joie. Sa petite sœur Kyra était allongée par terre, le visage ensanglanté, pendant qu’un homme courait en appelant Orell, et un deuxième éloignait le cadavre d’un chien de chasse percé de deux lances, une au flanc et une à la tête.
Harald bondit aux côtés de sa sœur et la prit dans ses bras. Il lui chanta une chanson, une berceuse que leur mère lui avait chanté le soir, lorsqu’il était plus jeune. Il ne savait pas qu’il se souvenait encore des paroles, mais elles venaient aussi naturellement qu’il respirait.
Lorsqu’Orell arriva, Harald avait les mains pleines de sang. Lentement et délicatement, il sépara les deux enfants, prenant la petite fille dans ses bras, et faisant signe à Harald de le suivre. Il savait qu’il serait venu de toutes façons.
Orell passa plusieurs heures dans sa cellule à essayer de soigner Kyra, utilisant les méthodes ancestrales des prêtres du Dieu Noyé pour arrêter l’hémmoragie et refermer la plaie avant que cela ne soit trop grave.
Pendant tout ce temps, Harald était resté derrière la porte, entendant parfois sa sœur hurler, supplier, pleurer, demandant à voir leur mère, leur père… Mais personne n’était autorisé à entrer. Même Taya était là, en face de Harald, pleurant toutes les larmes de son corps.
Harald était trop choqué pour pleurer. Il avait l’impression de tout voir en rouge, que les torches ne projetaient pas de flammes, mais des gerbes de sang. Que chaque ombre était sa sœur en train de pleurer.
Le lendemain matin, Orell sortit. Il portait encore la petite dans ses bras. Il la tendit à Taya.

« Elle est sauvée. Mais elle portera les marques toute sa vie. »

Seule la première partie de la phrase comptait pour Taya, qui innonda Orell de gratitude et remerciements, entre deux crises de larmes.
Lorsqu’elle s’éloigna, Orell sentit quelque chose lui tirer la jambe. En se baissant, il vit Harald le regarder.

« Je veux pouvoir faire ça aussi.
- Faire quoi ?
- Sauver des gens. »

Orell fut surpris par la demande. Il tenta d’expliquer au jeune garçon qu’être un prêtre du Dieu Noyé était plus complexe que cela, mais Harald n’en démordait pas. Avec la bénédiction de Taya, il le prit donc sous sa tutelle.
L’année suivante, lorsqu’Aeron revint, et qu’on lui apprit que son fils voulait devenir un noyé, et que sa fille était défigurée, il se leva sans un mot, et s’enferma dans sa chambre. Même Taya du trouver un autre endroit où dormir.
Il en sortit trois jours plus tard. Le jour-même, Orell disparut et ne reparut jamais. La même chose arriva au maître piqueux du Vieux Wyk, et tous les chiens furent offerts au Dieu Noyé.
Le Lord fit ensuite venir Harald dans son bureau. Harald se souvient encore de cette entrevue. Son père lui tournait le dos, semblait fatigué, épuisé… mais malgré tout, il ne lui avait jamais tant paru l’image même du Lord.

« Mon fils… Un jour viendra où ton frère sera Lord à ma place. Ce sera lui qui dominera le Vieux Wyk, et qui sera assis dans la chaise où je me trouve maintenant. »

Il se tourna, regardant Harald droit dans les yeux.

« Et ce jour-là, il aura besoin d’hommes de confiance à ses côtés. D’hommes capables de naviguer, de se battre, mais aussi de le conseiller en leur nom propre, pas de le flatter, ou de lui dire ce qu’en pense notre Dieu. Et ces hommes se font rares, Harald. C’est pourquoi j’ai besoin que tu sois l’un d’eux. Pas un simple marin. Pas un prêtre. Je veux que tu sois Harald Timbal, le capitaine de ton propre navire, et le plus fervent soutien de ton frère dans tout ce qu’il fera, est-ce bien compris ? »

Harald hocha la tête.
Le lendemain, son père l’envoyait sur le navire du vieux Qarl, désormais capitaine, afin qu’il apprenne tout ce qu’il aurait à savoir sur la navigation.
Le vieux Qarl l’acceuillit chaleureusement, et le traita comme son propre fils, malgré ses quelques commentaires comme quoi il avait dit qu’il ne s’occuperait plus jamais d’un marmot qui ne viendrait pas de ses propres chausses.
Harald apprit à utiliser les voiles et les rames, à se repérer grâce au ciel, au soleil et aux étoiles, comment naviguer le long de la côte pour ne pas se perdre… mais aussi comment faire des nœuds, comment se battre, comment aborder un autre navire, ou retenir sa respiration longtemps.
Il était parti un enfant. Il dut revenir un homme.
Ils étaient au large de Pyk lorsqu’un navire vint les trouver. Il portait les armes de la faucille sur fond noir. Les Harloi.
Leur capitaine les interpela :

« Hey ! Qarl Cent-Ans, cela fait trois jours que l’on te cherche ! »

Qarl s’approcha du bord de son navire, et salua l’autre capitaine.

« C’est que j’aime pas être trouvé ! Qu’est-ce que tu me veux ?
- Un messager des Timbal ! Ils veulent que tu ramènes leur héritier au plus vite ! »

Harald ne savait pas si ce détail avait échappé à Qarl, ou s’il faisait semblant pour le préserver. Leur héritier… cela ne pouvait dire qu’une chose, et Harald le savait.
Pendant tout le trajet jusqu’au Vieux Wyk, Harald eut le souffle court et le cœur serré. A peine le navire eut-il touché la berge qu’il sauta par-dessus la rampe et vint s’écraser dans l’eau de mer. S’accrochant au sable, le serrant jusqu’à ce qu’il soit solide, il se releva et courut vers l’entrée du château.
Les gardes le laissèrent passer en apercevant les armoiries qu’il arborait sur sa tunique, et ses longs cheveux blonds qu’il n’avait pas pris le temps d’attacher. Il avait les mêmes que sa mère et sa sœur.
Lorsqu’il arriva devant le trône où siégeait son père, il était hors d’haleine, courbé en deux, ayant laissé derrière lui un tracé d’eau de mer qui permettait de suivre son trajet jusqu’à la plage.
Aeron descendit, lentement et redressa son fils. Il le regarda dans les yeux, gris contre bleu, mer contre ciel… et il le serra contre lui.

« Que le Dieu Noyé soit remercié, tu es encore vivant. »

Ils restèrent ainsi, en silence, sous les yeux des gardes qui faisaient mine de regarder ailleurs et du vieux Qarl qui venait d’arriver.
Taya, Kyra et Elyn les rejoignirent tous deux. Sa sœur en première le prit dans ses bras à son tour, lui murmurant à quel point elle l’aimait et à quel point il lui avait manqué. Elle l’avait toujours beaucoup apprécié, et Harald l’aimait plus que n’importe qui d’autre dans la famille. Peut-être était-ce l’attaque du chien qui les avait ainsi rapprochés. Il n’aurait jamais su le dire.
Elyn se contenta de lui déposer un baiser sur la joue en lui disant qu’elle était heureuse de le revoir en ces heures sombres. Et qu’elle était navré qu’il entretienne si mal ses cheveux.
Taya enfin l’embrassa sur le front et fondit en larmes dans ses bras, elle répétait sans cesse :

« Mon tout-petit… mon tout-petit… »

Harald n’aurait pas apprécié d’être appelé ainsi dans d’autres circonstances, mais celles-ci étaient exceptionnelles. Aussi se contenta-t-il de la laisser pleurer.
Kyra s’accrochant à son bras, il fut emmené voir le corps de Andrik. Il n’aurait jamais pu le reconnaître, tant à cause des années qui avaient passé que de la déformation du corps, entre l’eau et les poissons qui l’avaient dévoré.
On lui expliqua qu’il avait basculé par-dessus bord à cause d’une tempête trois jours avant que son corps ne soit retrouvé.
Un prêtre du Dieu Noyé vint bénir son corps. Ce n’était pas Orell, et il n’en avait ni la stature ni le charisme. Son éloge funèbre aurait presque prêté à rire si le mort n’avait pas été Andrik, et sa bénédiction était ridicule.
Aeron murmura, au moment où il rendit le corps de son fils à la mer.

« Un père ne devrait pas avoir à enterrer ses enfants. Un père ne devrait jamais partir avant eux. »

Harald entendit, et posa la main sur son épaule. Il était là, et ne mourrait jamais.
La nuit même, quelqu’un pénétra dans la chambre de Harald, et vint se blottir contre lui. Il l’aurait reconnue même dans la nuit la plus obscure, mais cette fois les étoiles brillaient, dévoilant son visage détruit par le chien des années plus tôt.
Harald la prit dans ses bras, et ils passèrent la nuit ainsi, à regretter la mort de leur frère tant aimé.
Le lendemain, on offrit à Harald son premier navire et son premier équipage. L’Immortel, celui qui avait servi à Gelmar jusqu’à sa mort. Harald trouvait le nom mal choisie, et le destin très cruel. Ainsi, c’est le nom qu’il choisit, avec la bénédiction du prêtre du Dieu Noyé.
Le Cruel partit deux jours plus tard, après que Harald ait dit au revoir à son père, sa mère, Elyn et Kyra.
Il passa plus de temps avec Kyra, lui jurant qu’il ne la laisserait jamais seule. Elle le supplia de le laisser venir avec lui, mais il dut refuser. Avant qu’elle ne le demande, il en avait parlé avec Aeron, qui l’avait refusé :

« Il m’est déjà difficile de laisser partir mon dernier fils. Je ne veux pas perdre mes filles. »

Harald avait alors près de quinze ans, et même s’il possédait le rang de capitaine sur ce navire, il se pliait bien souvent aux conseils et à la volonté des autres marins, qui avaient navigué le Cruel alors qu’il n’était pas encore né.
Il fit un capitaine honorable, et bon avec son équipage. Ils se dirigèrent vers les côtes de Westeros sans craindre de représailles, car ses stratégies fonctionnaient bien souvent.
Il prit sa première femme-sel dans une ville du Bief, et se mit en tête de la ramener à Vieux Wyk, comme un chat ramènerait le cadavre d’une souris à se maîtres. Il voulait la montrer à son père, et avoir son approbation.
Au fond de lui, il savait qu’il n’était pas aussi talentueux que son frère, et il ferait tout pour compenser cela. Ou qu’on lui mente en lui faisant croire qu’il se débrouillait mieux que lui.
Il était en train de répandre sa semance dans la femme-sel lorsqu’on l’appela :

« Vieux Wyk est en vue ! »

Il se retourna, se laissant distraire un instant… et la femme prit son couteau à sa ceinture, le couteau du vieux Qarl, que son père lui avait remis avant son départ, et le poignarda avec. Il sourit de l’ironie de la chose, et marmonna :

« Je vais avoir la même cicatrice que lui… »

Elle frappa à nouveau, le blessant à la jugulaire. Il plaça une de ses mains sur la blessure. Le liquide chaud coulait. Beaucoup trop. Il tenta de hurler. Il avait trop mal pour que le moindre son ne quitte ses lèvres. Alors il la mordit. Elle hurla. De douleur, de rage. Elle lacha le couteau, et s’écroula au sol.
Il réussit à tituber sur le pont, ouvrant la porte avec fracas. Il était nu comme un ver, le sang commençant à couler le long de son torse et de ses jambes.

« Cette salo… »

Le premier homme se jeta sur Harald pour le soutenir, mais n’avait pas vu où se trouvait la blessure. Il plaça sa main droit sur la plaie au flanc, et cette fois Harald hurla, et frappa par réflexe l’homme qui voulait le saisir. Il recula… et tomba par-dessus la balustrade.
Il n’a aucun souvenir de ce qui suivit immédiatement cet instant. Il ne se rappelle que de l’eau, du froid… et d’avoir fermé les yeux.
Lorsqu’il les rouvrit, il aperçut Gelmar qui lui souriait. Il lui parlait, mais Harald ne comprenait pas. Derrière lui se trouvait Andrik, qui souriait lui aussi. Ils lui montraient l’endroit où il se trouvait, un immense hall sans fin, dans lequel se trouvaient des sirènes. Elles apportaient à boire et à manger aux hommes autour de la table. Un troisième homme se trouvait derrière Andrik et Gelmar, et il fallut quelques instants à Harald pour voir que l’homme ressemblait à son père, mais aussi à son oncle… Il en avait déjà entendu des descriptions, mais ne l’avait jamais rencontré.

« Harald… » chuchota-t-il. L’homme selon lequel il avait été nommé.

Mais les mots ne sortirent pas. Uniquement de l’air. Et de la douleur. Il observa son cou. La plaie ne saignait pas, mais elle était toujours béante. Et il en allait de même pour la plaie à son flanc. Il essayait de leur dire de le soigner, de le sauver… mais ils ne faisaient que lui sourire, et lui faire signe de les suivre.

« Ce n’est pas mon heure, essayait-il de leur dire. J’ai encore d’autres choses à vivre ! »

Mais les mots ne dépassaient jamais sa gorge. Mais ils n’étaient pas stupides. Ils comprenaient ce que cela voulait dire. Ils l’observèrent, attristés, déçus… Mais il sentait qu’ils l’aimaient malgré tout, et que le jour où il reviendrait, ils l’accueuilleraient avec joie, car sa place était à leurs côtés.
Et une voix trompetta dans l’esprit de Harald.

« Non. Ta place est à la surface. Tu seras mon champion, et tu ne craindras pas la mort. Car tu es mort en cet instant. »

Harald savait à qui la voix appartenait, mais il ne pouvait y croire. Pourquoi un Dieu s’intéresserait-il à sa simple personne ? Qu’avait-il de si spécial ?
Mais malgré tout, il répondit :

« Ce qui est mort ne saurait mourir, et se lève à nouveau plus dur à la peine et plus vigoureux. »

Il sut que le Dieu était satisfait. Et le Dieu parla à nouveau :

« Va et lève-toi. Répands la mort en mon nom sur les ennemis de mon peuple. Va, et libère-toi des liens qui te rendaient faibles. Prends la place qui t’es due ! »

Et Harald ouvrit les yeux. Il ignorait où il se trouvait. Son premier réflexe fut de mettre sa main à sa gorge. Il sentit un pansement, fait en algues à ce qui lui semblait. Il jeta un œil à son flanc, et vit un pansement qui devait y être semblable.
Il tenta de se lever, mais la douleur le cloua au lit. Un lit de pierre. Il fit une autre tentative, mais s’évanouit à nouveau.
Lorsqu’il s’éveilla la fois suivante, il vit une barbe penchée au-dessus de lui. Une barbe touffue, plus que la tête de celui qui l’arborait.

« Orell ? »

La barbe bougea. Un sourire.

« C’est bien moi. »

Harald se frotta le crâne. La douleur s’était estompée dans son flanc et sa gorge, mais une migraine menaçait de poindre.

« Où suis-je ? Qu’est-ce que je fais là ? »

Orell lui amena une outre d’eau, et la lui tendit. Harald la prit, et but goulument pendant que le prêtre lui expliquait ce qui s’était passé.

« Depuis que ton père m’a renvoyé, je suis venu habiter ici. Sur cette plage. Et il y a peu de temps, je lui ai demandé un signe. Le signe qui me prouverait que je pourrais retourner sur le Vieux Wyk, voir ma famille et mes amis, ceux que j’ai toujours connu… Et alors que je priais, j’ai senti quelque chose heurter ma jambe. J’ai d’abord cru à un poisson, mais cela ne bougeait pas. Je me suis donc penché… et c’était toi Harald. Je t’ai ramené ici. Tu respirais encore, je ne sais pas par quel miracle. Tes plaies étaient refermées, mais menaçaient de se rouvrir. Je les ai donc pansées avec du feu et des algues. Je t’ai nourri et hydraté comme je l’ai pu… mais tu est resté dans l’autre monde si longtemps que j’ai cru que j’allais te perdre. »

Harald reposa la gourde, et repensa à ce dont il avait rêvé. Il ne pensait pas que cela avait été réel. Mais après tout, si les préceptes du Dieu Noyé avaient raison… il était en effet plus fort que jamais. Plus fort que n’importe qui d’autre. Il avait survécu à un coup de poignard à la gorge, un au flanc, et à la noyade. Et les trois en même temps.
Qui pourrait s’opposer à lui à présent ? Pas la femme du Bief, c’était sûr. Il lui ferait payer au centuple ce qu’elle venait de lui faire subir.

« Combien de temps ?
- Un mois Harald. Un mois entier. Tu ne bougeais pas. Pas de fièvre. Pas de délire. C’est la première fois que je vois ça. »

Il hocha la tête. Il avait bien fallu ce temps pour que ses blessures se ferment suffisamment pour qu’il ne les sente aussi peu que cela.
Il se leva. La douleur était immense. Il pensait qu’il allait à nouver s’écrouler, mais il se concentra, et réussit à rester sur ses deux jambes. Il était mort et rené. Il ne pouvait plus mourir, et rien ne l’arrêterait.

« Mon père m’attend sur le Vieux Wyk. A-t-il été mis au courant ?
- J’ai envoyé des messagers pour le prévenir, mais j’ai bien peur qu’aucun ne l’ait atteint.
- Raison de plus pour partir au plus vite. Allons-y. »


Le voyage leur prit une semaine. Ils n’eurent pas à s’arrêter à cause de la fatigue ou de la douleur de Harald : le trajet s’était fait en bâteau sur sa quasi-totalité.
Dans la baie du Vieux Wyk, il aperçut le Cruel. Ses voiles étaient baissées, et aucun homme ne se trouvait sur le pont.
Cette fois, il attendit qu’on l’aide à descendre avant de gagner la plage. Plus lentement qu’il ne l’avait fait plusieurs mois auparavant, il fit le trajet qui séparait les bâteaux de la plage, et entra dans le Vieux Wyk. Les gardes ne s’écartèrent pas cette fois… ils le précédèrent, hurlant qu’il était de retour, que le jeune maître était en vie.
Il les laissa faire.
Il s’assit dans le grand hall, et attendit aux côtés d’Orell, demandant à un serf d’amener à boire et à manger pour son ami et lui.
Sa famille arriva avant la nourriture. Aeron en premier, suivi de Taya et Elyn. Il se leva pour les accueillir, et repoussa l’accolade de son père.

« Tu es fort comme un ours, et ma blessure n’est pas refermée. Il serait idiot que j’ai échappé trois fois à la mort pour être tué par mon propre père n’est-ce-pas ? »

Aeron le gratifia uniquement d’une tape dans le dos qui le fit grincer des dents à cause de la douleur. Mais au moins la blessure resterait fermée.
Il embrassa sa mère et sa sœur, et posa la question qui le perturbait :

« Où est Kyra ? Je pensais qu’elle serait la première à m’acceuillir… »

Aeron baissa les yeux, comme un enfant que l’on prend en train de faire une bêtise.

« Ne me dit pas que…
- Je suis désolé, Harald. »

Harald ne répondit rien et se dirigea vers la chambre de sa sœur. Elle était comme elle avait du la laisser : propre et ordonnée. Sur son bureau se trouvait une lettre, destinée à « Ma famille. »
Il reconnut son écriture. Elle était aussi propre et soignée que sa chambre. Que Kyra l’avait été.

« Je vais rejoindre mes frères. Ne m’en voulez pas, mais la vie m’a trop fait souffrir. Au moins, à leurs côtés, je vivrais heureuse pour le reste de l’éternité. »

Elle s’était noyée, pour les rejoindre. Pour le rejoindre.
Il passa la nuit assis par terre, à pleurer toutes les larmes de son corps, serrant ce mot dans sa main jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un morceau de parchemin froissé.
Le lendemain, lorsqu’il quitta la pièce, il envoya les gardes chercher ses hommes :

« Dites-leur que le capitaine du Cruel est de retour. Et qu’il compte bien rattraper le mois qu’il a perdu dans les halls du Dieu Noyé. »

Il rejoignit le grand hall, et y trouva son père, qui carressait une lame. Pluie Pourpre, l’héritage de la maison. Une lame en acier valyrien.
En face de lui se trouvait Orell. Ils étaient en pleine discussion lorsque Harald était entré.
Aeron se tourna, et sourit à son fils.

« Orell m’a tout raconté. La femme-sel. La noyade. Ton rêve… »

Il avait gardé la lame en main. Son regard se perdit sur son tranchant.

« Que le Dieu Noyé t’aie vraiment parlé ou non, une chose est sûr, il t’a épargné. Et pour une bonne raison. »

Il se leva, et lui tendit Pluie Pourpre, garde la première.

« Emporte ça avec toi. Je sais que tu en feras bon usage. Rends-moi fier de toi. »

Il n’aurait pas pu avoir de geste plus beau, ou de parole plus encourageante pour Harald. Le capitaine du Cruel prit la lame, la passa dans sa ceinture, et serra son père dans ses bras. La douleur était grande, mais il était mort et né à nouveau. La douleur n’était plus rien pour lui.
Une fois leur étreinte terminée, il quitta la pièce sans un mot et se dirigea vers l’extérieur. Orell le suivait. Son père fit de même, ramassant le baudrier de Pluie Pourpre, qu’il avait laissé sur la table.
Le temps d’arriver à la plage, Harald s’en était ceint. Mais il avait tiré la lame au clair.
Son équipage était assemblé. Mais aussi celui de son père, et celui du vieux Qarl. Et tous les membres de la maisonnée du Vieux Wyk.
Harald s’arrêta.
Orell fit un pas un avant. Il sourit en regardant le jeune homme, celui qu’il avait béni à la naissance.

Il ne s’est pas noyé, et semble avoir bien résisté à l’eau de mer.

« Il est fort ! Et devant vous, ainsi que devant le Dieu Noyé, nous vous montrons à nouveau Harald ! Harald Timbal, fils de Aeron et Taya, capitaine de son propre navire, le Cruel, et ennemi du Dieu des Tornades ! Célébrez, car aujourd’hui un Fer-Né est sorti à nouveau de l’océan, plus dur à la peine et plus vigoureux ! »

Un rugissement s’éleva de la plage. Un rugissement qui prit une forme, devenant avec le temps un mot, un seul, scandé tel une mélopée.

« Harald ! Harald ! Harald !
- Harald Timbal est né à nouveau ! hurla Orell »

Harald hurla de toutes ses forces et brandit son épée vers le ciel, l’acier valyrien se gorgeant des rayons du soleil comme le sable pouvait se gorger de l’eau de mer.

« Je suis né à nouveau, plus dur à la peine et plus vigoureux ! A partir d’aujourd’hui, je ne saurais mourir ! Que les voiles du Cruel se gonflent, et nous repartirons ! Mille trésors nous attendent, et encore plus de femmes et de serfs. Allons-y, et que rien ne nous arrête ! »

Il sentit la main de son père se poser sur son épaule. Il se retourna. Aeron souriait. Harald lui rendit son salut. Derrière lui se trouvaient Taya et Elyn.
Il murmura à son père :

« Rappelle-leur que je ne peux mourir. »

Aeron lui promit de le faire.
Harald se mêla à la foule, serrant les mains qui se tendaient vers lui, saluant les visages connus ou inconnus qui lui souriaient et l’acclamaient. Il sentit quelque chose de froid être glissé dans sa main. Quelque chose de métallique.
Ben le Doux lui sourit. Il avait été nommé ainsi à cause de l’attention qu’il portait à l’entretetien de sa barbe, et de sa pilosité en générale.

« Je crois que cela vous appartient, capitaine. »

Le couteau. Le couteau de Qarl. Le couteau qui l’avait tué. Il le glissa dans sa ceinture.

« Qu’avez-vous fait de la femme ?
- Nous l’avons égorgée avec le couteau du Cuisinier. Nous n’allions pas mélanger votre sang et celui d’une traitresse.
- Vous n’auriez pas du faire ça. »

Ben semblait pris à revers par cette réaction.

« Que voulez-vous dire ?
- Il aurait fallu lui apprendre l’obéissance et le prix de la trahison, avant de la tuer. Lui couper les seins par exemple. Ou un membre. Peut-être même lui planter la lame entre les cuisses. Vous avez été trop doux avec elle…
- … Vous avez raison, mon capitaine. »

Ben pâlit visiblement. Harald le laissa là et se dirigea vers le ponton du Cruel, qui avait été abaissé.
Il avait cru être un homme la dernière fois qu’il avait foulé ce pont, mais il avait été naïf. Il n’avait été qu’un gamin sans envergure, sans ambition et sans talent. Maintenant, il était un homme. Et il allait le leur montrer.
Il prit le cor des mains du Cuisinier et souffla dedans à plein poumon. Son flanc lui faisait de moins en moins mal.
Son équipage rejoignit le navire et, en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, ils étaient prêts à repartir. Harald souffla une nouvelle fois dans le cor, et salua les gens réunis sur la plage en brandissant Pluie Pourpre.
Une fois qu’il eut fini, le navigateur s’approcha de lui.

« Vers où voulez-vous que nous mettions voile, capitaine ? »

Il sourit. La dernière fois, cet homme, Trois-Yeux, l’avait appelé « Harald ». Lui aussi s’était rendu compte du changement.

« Vers Westeros. Vers le sang, l’or, et la victoire ! »

Il avait hurlé le dernière mot. Ses hommes reprirent le cri en chœur.
Peu après, ils obtinrent leur première victoire. Un village portuaire des Terres de l’Ouest. Harald avait envoyé ses hommes en premier, les laissant s’adonner à la joie du massacre et du pillage, mais leur interdisant malgré tout le viol et les meutres d’enfants et de femmes. Il en avait trop vu souffrir et mourir près de lui pour supporter que d’autres meurent sous ses ordres.
Lui attendait. Attendait que les gardes se réveillent, qu’un chevalier se présente… et il ne fut pas déçu. Un chevalier sortit d’une maison, en armure. Son bouclier portait des armoiries qu’il n’avait jamais vu. Un écu d'acier à la licorne pourpre. Il demanda à voir celui qui commandait tout cela, et à régler l’affaire par un duel singulier. Harald s’avança, souriant, et se présenta comme le capitaine. Le chevalier lui rit au nez et dit qu’il serait tout juste bon pour un échauffement.
Harald dégaina son arme, et la licorne comprit que cela ne serait peut-être pas une aussi mince affaire. Ils s’échangèrent des coups pendant de longues minutes, le chevalier parant et bloquant, Harald esquivant et feintant, jusqu’à ce que le Fer-Né ne trouve une faille. Pluie Pourpre perça la maille et le cuir qui protégeaient l’aisselle du chevalier comme elle l’aurait fait pour de l’eau. Le chevalier s’immobilisa, et du sang coula de sa bouche. Harald retira son arme, et lui trancha la tête.

« Plantez-la sur une pique, et faites de même avec le cadavre. Je veux que cela serve d’exemple à tout chevalier qui tentera de se mettre sur notre chemin la prochaine fois. Car je peux vous l’assurer, il y aura beaucoup de prochaines fois. »

Et il ne leur avait pas menti. Leurs pillages s’avérèrent fructueux, et il se passa près de quatre ans avant qu’un problème ne pointe le bout de son nez sur le pont du Cruel. Quatre ans à faire des allers-retours entre le Bief, les Terres de l’Ouest et le Vieux Wyk, pour y ramener richesses et femmes-sel.
Jamais ils n’avaient connu la défaite, avant ce jour bien précis.
La malchance avait voulu que ce jour-là, les côtes qu’ils avaient attaqué aient été recouvertes de chevaliers en armure. Pourquoi avaient-ils été si nombreux ? Peut-être un tournoi avait-il eu lieu, ou une guerre entre maisons rivales.
Ce n’était pas ce qui importait. Ce qui importait était la fuite. Harald voulut demander au Cuisinier de sonner le repli, mais le marin était mort, une lance plantée dans son cœur. Harald se saisit de cor. Trois sons courts. La retraite.
Le temps que les Fer-Nés n’obéissent, la moitié d’entre eux avaient été moissonés par une charge de cavalerie.
Sur le Cruel, Harald passa plusieurs heures enfermé dans sa cabine à réfléchir à la défaite. Comment avait-il pu se laisser avoir comme ça, lui qui ne pouvait jamais perdre ? Lui qui avait tout réussi jusqu’à présent ! Il ne pouvait se permettre de perdre ainsi. Pas plus qu’il ne pouvait se permettre de perdre la confiance que l’équipage plaçait en lui.
Il sortit donc de sa cabine, prêt à donner un discours encourageant à ses hommes, leur expliquant qu’ils avaient fait de leur mieux, et qu’ils auraient leur revanche un jour prochain. Que chaque blason avait été mémorisé, et payerait dix fois le prix que les Fer-Nés avaient du payer en ce jour.
Mais ce qui l’acceuillit à l’extérieur fut une lame acérée. La lame manqua de lui trancher le nez. Heureusement un réflexe lui fit faire un pas de côté, et l’épée ne fit que tracer un sillon sanglant sur sa joue.
En un éclair, son couteau était dans sa main gauche… et dans les tripes du mutin. Il dégagea la lame, et dégaina Pluie Pourpre. Un autre homme se jeta sur lui. Il lui ouvrit la gorge avec plus de facilité que s’il avait ouvert un poisson. Les prochains se jetèrent à deux sur lui.. et périrent ensemble, une lame dans l’œil pour l’un, et une dans le cœur pour l’autre.
Retirant Pluie Pourpre dans un peu délicat bruit de suscion, il hurla :

« Bien, d’autres volontaires ? »

Personne ne bougea. Les combats avaient fait rage autour de lui, entre les mutins et les fidèles. Mais le fait de le voir se battre ainsi les avaient tous calmés.
Il proposa un pardon au nom du Dieu Noyé à tous les mutins, à condition qu’ils nomment leurs camarades. Ben était parmi eux. Il s’excusa à genoux, supplia. Harald le pardonna.
Puis, comme les autres mutins, il le noya.

« Le pardon du Dieu Noyé vient dans la mort, et ainsi il rend justice. Car ceux qui en sont dignes trôneront à ses côtés dans son hall immergé. »

Un homme s’approcha de lui.

« Est-ce vrai que vous avez vu le Dieu Noyé ? »

C’était Trois-Yeux.

« Je l’ignore moi-même. Mais peut-être que oui.
- Comment était-ce ?
- Tellement bien que j’en suis revenu. »

Après cette remarque, plus personne ne vint lui parler de son expérience de la mort. Il préférait cela. Ce qu’il avait vécu était intime, et ne regardait que lui.
Il du essuyer une autre mutinerie l’année suivante. Cette fois ils avaient été mieux préparés et s’étaient attaqués à lui alors qu’il n’avait pas Pluie Pourpre avec lui. Mais il avait son couteau, et une fois son premier mutin abattu, il avait récupéré son arme. Les autres demandèrent sa clémence.
Il leur coupa les parties intimes et les pendit par les pieds le long d’une falaise, où l’eau montait et redescendait de façon assez régulière pour qu’ils manquent de se noyer, puis reviennent à eux, et ce dans un cycle sans fin jusqu’à leur mort d’épuisement et de douleur. Si les oiseaux ne les avaient pas dévorés avant. Ce qui était possible, vu que leur plaie était à l’air libre.
Depuis ce jour Pluie Pourpre ne quitta plus son côté, et il décida de choisir ses marins avec encore plus de prudence qu’auparavant.
Il fallut encore un an ou deux pour obtenir un équipage fidèle et dévoué, qui ne risquait pas de le trahir ou de lui désobéir. Mais tous connaissaient désormais sa réputation, celui de l’homme qui n’avait pu être tué, et dont la bravoure au combat n’avait d’égale que la cruauté.
Certains tentèrent de prouver qu’il était mortel. Ils nourrissent aujourd’hui les poissons, alors qu’il dirige toujours le Cruel.
La main toujours prête à brandir sa lame, il attend rivaux et ennemis.
Et aujourd’hui, il veut que la crainte se répande. Que le Bief, le Conflans, les Terres de l’Ouest et toutes les autres terres des Sept Couronnes craignent Harald Trompe-la-Mort autant que son équipage le craint.


● Inventaire : - Pluie Poupre, l'épée en acier Valyrien de sa famille, qu'il garde toujours à son flanc
- Cruel, son navire. Petit mais rapide, et bien entendu l'équipage qui va avec.
- Une dague en acier de château qui lui a été offerte par Qarl Cent-Ans le jour de sa naissance, et rendue le jour de sa renaissance
- Une armure de cuir souple, plus pratique pour se déplacer et combattre
- Les bijoux des hommes qu'il a vaincu, mais qu'il ne porte que lorsqu'il ne se bat pas.
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Aethelhryth
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Harald Timbal [Fantasy/Trône de Fer] Empty
MessageSujet: Re: Harald Timbal [Fantasy/Trône de Fer]   Harald Timbal [Fantasy/Trône de Fer] I_icon_minitimeJeu 16 Fév 2012 - 20:47

Officiellement bienvenue parmi nous ! Razz
Je m'occupe de te donner les couleurs, tu peux aussi activer ta fiche perso, ça peut être utile.
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