L'enquête

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Philippe arriva à l'appartement de Méridith, les mains crispées sur les quelques documents qu'il avait pu trouver. Cela faisait deux ou trois jours que Méridith était de retour à la maison après avoir passé une semaine à Ste-Mangouste. Philippe était resté auprès d'elle le plus qu'il avait pu, allant lui rendre visite tous les soirs après son travail. Il avait pu en apprendre plus sur le monde des sorciers, Méridith l'ayant aimablement initié. C'était aujourd'hui que l'enquête commençait véritablement.

Nerveusement, il appuya sur la sonnette. Aussitôt, il entendit un drôle de bruit débouler jusqu'à la porte accompagnée d'un grognement étrange.

-Est-ce que je suis au bon endroit? J'ignorais que Méridith avait un chien!

Jean-Jules boudait Méridith obstinément depuis son retour, il y avait de cela trois jours. La semaine que le Boursouflet avait passée seul l'avait rendu furieux. Bien qu'un partenaire de Méridith qui connaissait bien l'animal était venu le nourrir, il en voulait à Méridith de l'avoir abandonné. Il était à ronger le rebord de la fenêtre, tournant le dos à sa maîtresse, lorsque la sonnette retentie. Il roula à toute allure jusqu'à la porte en grognant aussi fort que ses petits poumons le lui permettaient. Bien qu'il en voulait à Méridith, il était toujours très protecteur!

-Oh, Jean-Jules, calme-toi! Pousse-toi un peu là, que je puisse ouvrir la porte.

Comme il refusait d'obtempérer, elle le prit fermement dans ses mains.

-Ça suffit. On se calme!

Méridith ouvrit la porte et fut heureuse de voir Philippe. Elle le connaissait peu, mais déjà elle se sentait liée à lui. Comment faire autrement alors qu'il était venu la voir tous les soirs au cours de son hospitalisation!?

-Entre, entre, fais comme j'ai toi, dit-elle d'un air joyeux en s'effaçant pour le laisser passer. Tu vas bien?

- Bonjour Méridith, oui je vais bien! répondit-il avec un large sourire. Tu as l'air bien, enfin beaucoup mieux que lorsque je t'ai vu la première fois à l'hôpital.

- Quel idiot je fais, pensa-t-il, jugeant durement la réplique que la nervosité lui avait contraint d'articuler. J'ignorais que tu avais un chien, un chiwawa à l'entendre.

Philippe cherchait la bête du regard, mais ne vit pas ce qu'il croyait avoir entendu.

- Mais qu'est-ce que c'est ? Un cochon d'inde, un hamster??? C'est lui qui a fait ce vacarme?

Philippe approcha lentement sa main de l'animal malgré une certaine crainte.

Méridith sourit à la réplique de Philippe.

-Effectivement! La première fois que tu m'as vue, je venais juste d'arriver en ambulance! Je ne devais pas être à mon meilleur! lança-t-elle en riant.

Elle rougit tout à coup. Elle venait de réaliser qu'il l'avait vu sur toutes ses coutures... ''c'est un professionnel quand même... '',se dit-elle en elle-même. Elle chassa cette pensée en replaçant l'une de ses mèches rebelles derrière ses oreilles.

Lors que Philippe parla de chiwawa, Jean-Jules émit un couinement d'indignation et se roula sur lui-même, comme pour tourner le dos à celui qui l'avait insulté. Lui? Un vulgaire chiwawa?! Non, mais...

-Je ne t'ai jamais parlé de Jean-Jules? répondit Méridith surprise de cette omission. C'est mon Boursouflet. C'est une créature que les sorciers aiment bien avoir comme animal de compagnie. Il est très gentil, mais un peu trop protecteur avec moi. Il a tendance à faire pas mal de bruit aussi... dit-elle avec un sourire.

En entendant parler d'elle, la boule violette et duveteuse roula sur elle-même pour faire face à Philippe. Jean-Jules voulait évaluer le nouvel ami de Méridith. Il cligna des yeux le regarda quelques secondes et HOP! se propulsa hors des bras de Méridith pour atterrir sur l'épaule de Philippe.

-Wow! Je n’ai jamais vu Jean-Jules accepter quelqu'un aussi vite depuis que je l'ai!!! lança Méridith les yeux écarquillés de surprise.

En fait, il l'avait fait une fois. Une seule fois... avec William, sont ancien fiancé. ''Ce pourrait-il que...?'' se demanda Méridith alors que son coeur se mettait à battre plus rapidement. '' Non! C'est ridicule, ce n'est qu'un hasard.'' décida-t-elle alors.

-Je crois qu'il t'aime bien! dit-elle enfin en souriant. Viens, allons discuter...

Elle guida Philippe dans son appartement ancien aux allures historiques. Les murs étaient de briques rouges brutes et le revêtement de sol de planche de bois larges et usés. L'édifice datait du début du 20e siècle et avait abrité au départ une usine de chaussures. Méridith adorait tout ce qui était ancien. Sa décoration le reflétait bien. Elle avait déniché plusieurs antiquités pour meubler son appartement. Une vieille caisse de bière en bois faisait office de table basse, une porte en chêne était posée sur des tréteaux en guise de table à manger et ses rideaux avaient été cousus dans des anciens draps de lit aux motifs rétro. L'endroit était plutôt petit, mais elle s'y sentait bien. Un 3 et demi, comme on aurait dit au Québec. Un salon-salle-à-manger, une cuisinette laboratoire (avec une pompe à eau manuelle comme lavabo!!!) une chambre à coucher et une salle de bain. Petit, mais douillet.

Elle indiqua l'un des fauteuils moilleux.

-Assied-toi, je t'en pris...

- Tu as vraiment un bel appartement. La déco est super. Et les meubles..., mon oncle serait emballé de voir ce que tu as.

Philippe prit un moment pour flatter Jean-Jules qui roulait d'un épaule à l'autre et sautillait sur sa tête. Il apprivoisait très bien la petite boule violette qui l'avait rendu quelque peu nerveux à son arrivée. À moins que ce ne fut plutôt Méridith qui le rendait ainsi.

Philippe enchaîna :

- Voici les documents que j'ai trouvé qui concerne mon oncle Marius : quelques photos; me voici avec lui alors que j'ai six ans je crois, en avant de chez lui. J'ai toujours aimé marché de long en large sur les roches de sa plate-bande; et celle-ci en avant de sa boutique d'antiquité.

Philippe s'arrêta net en regardant la photo suivante. La gorge serrée, il poursuivit :

- Voici mon père avec son frère... jumeau... identique comme tu peux le voir. J'avais oublié ce détail. Pour moi, ils étaient tellement différents de caractères que je n'avais plus conscience de leur ressemblance physique.

Philippe remit à Méridith le reste des documents, articles de journaux et autre, puis lui demanda : "Je pourrais avoir un verre d'eau ?"

Méridith sourit. Ce n'était pas tout le monde qui savait apprécier la valeur des antiquités qu'elle avait dégoter! Elle le remercia chaleureusement pour le compliment.

Lorsqu'elle vit Jean-Jules s'acclimater si vite à Philippe, Méridith ne sut comment le prendre. Était-ce un stratagème pour la rendre jalouse de l'affection qu'il avait obstinément refusé de lui donner en guise de punition pour l'avoir abandonné ou était-il réellement bien avec Philippe? Jamais il n'avait adopter quelqu'un de la sorte. Même pas William! Elle l'observa en penchant la tête légèrement. Non... Jean-Jules était incapable d'aller si loin dans ses stratagèmes. Philippe devait être un homme fondamentalement bon.

Elle s'approcha de Philippe pour mieux voir les photos.

-Oh! comme tu étais mignon! ne put-elle s'empêcher de s'exclamer en voyant le petit garçon à lunette de 6 ans, les bras croisés, et le torse fièrement bombé aux côtés de son oncle.

''Mignon... il l'était, et l'est encore'' pensa-t-elle silencieusement. Puis elle secoua la tête nerveusement. '' Non Méridith, ne pense pas à ça! Tu t'étais juré de ne plus jamais tomber dans en amour. JAMAIS!''

Puis son attention fut attirée par autre chose.

-Un jumeau?! Tiens... comme c'est étrange. Ton père n'a jamais... je veux dire... il n'est pas sorcier? Sinon, tu l'aurais su, non? À moins qu'il l'ait été et qu'il n'ait jamais voulu se servir de ses pouvoirs...

Méridith réfléchissait à voix haute. Il faudrait qu'elle éclaircisse la chose auprès de ce Marius. Si le père de Philippe avait été sorcier, cela aurait peut-être expliqué sa mort étrange... ou peut-être pas! Elle prit ensuite les papiers que Philippe lui tendait. Rapidement, elle évalua leur contenu. Il y avait un article de journal moldu relatant un accident banal de chasse, un autre une affaire étrange. Même les moldus ne s'entendaient pas sur ce qui s'était passé. Un autre article parlait de l'enquête moldue auprès de Marius qui attestait de son innocence. Méridith froiça les sourcils. Était-il aussi innocent que cet article le prétendait? Puis, Philippe l'a sortit de ses pensées.

-Oh! bien sûre. Quelle hôtesse médiocre je fais...

Elle se leva et versa deux verres d'eau qu'elle déposa sur sa table basse. Elle remarqua, dans les yeux de Philippe, que tout cela venait le chercher. Elle mit une main sur son épaule.

-Je te trouve courageux de ressortir tout ça, dit-elle avant de se rasseoir près de lui. Je suis allé au bureau hier et j'ai fait quelques recherches. Apparemment, un certain M. Ouellet aurait été le stagiaire d'Olivander, le fabricant de baguettes dans les années 70. Ça collerait parfaitement avec ton oncle. C'est à cette époque que les attaques des Mangemorts ont été les plus actives et destructrices! Je ne peux pas m'avancer, mais c'est peut-être en lien. Surtout que, dans un autre dossier, j'ai découvert qu'un Auror de l'époque suivait une piste de cachette en Amérique du Nord. Je sais pas ce que tu en penses, mais je crois qu'il serait pertinent d'aller rendre visite à ton oncle. J'ai parlé avec mon patron et il a accepté de se charger des frais liés à cette enquête, même si cela date un peu. Comme il a dit, toute piste nous menant aux Mangemorts, anciennes ou nouvelles, mérite qu'on s'y attarde.

Méridith s'arrêta un instant. Retourner au Québec ne l'enchantait guère, mais faire le voyage en aussi bonne compagnie adoucissait les choses!

-Qu'en dis-tu? Tu pourrais prendre congé pour... disons, deux semaines?

- Oui, sans problème. J'avais déjà prévu des vacances très bientôt. Rien de planifier, alors il n'y a aucun inconvénient.

Philippe voulait règler cette affaire et il était prêt à suivre Méridith n'importe où, même à retourné dans son coin de pays, mais il préférait garder cette aventure pour lui. Philippe ne tenait pas à revoir sa mère ni son frère, du moins pas tout de suite.

L'après-midi tirait maintenant à sa fin et Philippe sentait qu'il devait bientòt quitter la jeune femme.

- Je crois que je vais retourné chez moi, dit-il en se levant du divan.

Philippe avait passé un bel après-midi en compagnie de Méridith. Ils avaient parlé de plusieurs chose concernant l'enquête, l'organisation du départ au Québec, mais aussi du monde des sorciers que Philippe connaissait de plus en plus.

Philippe hésita un moment avant de partir puis il fini par demander à Méridith : "Tu voudrais venir souper avec moi ? Je connais un petit resto très sympa."

Méridith fut prise de court et rougit instantanément.

-Oh! euh... je...

«Voyons Méridith, se dit-elle en elle-même, dit quelque chose d'intelligent!» De quoi elle avait l'air à bafouiller comme ça!

-Je veux dire, oui! Pourquoi pas! Ce serait super!

«Ok, mets-en pas trop quand même», se dit-elle encore silencieusement.

-Mais c'est moi qui choisis le resto. J'aimerais bien te faire découvrir la gastronomie sorcière! dit-elle en riant. Tu vas voir, c'est génial.

Elle prit quelques minutes pour déposer dans un bol la nourriture de son Jean-Jules qui dormait à présent en boule sur le tapis, attrapa sa cape, son sac et sa baguette et se dirigea vers la porte.

Elle demanda à ce qu'ils prennent la voiture de Philippe puisqu'elle n'en avait pas et qu'il était interdit de transplaner avec un moldu, sauf en cas d'urgence. Au bout d'une demi-heure, ils arrivèrent au Chaudron Baveur. Un lieu qui, de l'extérieur, semblait être sombre et malfamé. Ils entrèrent et s'installèrent à une table. Après avoir salué Tom et commendé des Bierraubeurs, des frites et des sandwichs, Méridith s'accouda à la table, comme pour s'approcher de Philippe et le fixa, l'oeil pétillant de malice.

-Alors, qui es-tu Philippe Ouellet? On va faire un long voyage ensemble... On devrait apprendre à mieux se connaître! Bon, je sais que tu as un oncle sorcier, des parents moldus, un frère moldu... Je sais que tu as étudié à l'Université Laval et que tu fais ton stage ici à Londres... mais encore? As-tu un chien, un chat, des amis, des grands-parents avec qui tu t'entends bien?

«Une copine? ajouta-t-elle silenciusement pour elle-même.

Elle se tut. Il allait bien lui dire ce qu'il voulait. Elle ne voulait pas le forcer à parler; juste apprendre à le connaître.

- Des amis? Je n'en ai pas vraiment. Je vais parfois prendre un verre avec des collègues de travail, résident comme moi, mais sans plus.

Philippe cherchait un peu quoi répondre aux questions de Méridith.

- Euh, je n'ai pas de chien ni de chat. Et il ne me reste que ma grand-mère paternel. Elle a maintenant 78 ans et souffre encore de la mort de mon père.

Méridith sourit. Elle voyait bien qu'elle le mettait mal à l'aise...

-Comme c'est triste pour ta grand-mère... mais au moins, tu peux encore lui parler. D'ailleurs, ce serait bien d'aller la voir pour notre enquête. Peut-être en sait-elle plus qu'elle ne le laisse parraître.

De parler de la grand-mère de Philippe lui rapella la sienne. La seule personne avec qui elle avait entretenue des liens serrés depuis qu'elle avait appris qu'elle était sorcière. Elle eut soudain le vague à l'âme.

-Moi je n'ai pas cette chance. Ma dernière grand-mère est décédée il y a peu de temps. Juste avant que je vienne à Londres en fait. On s'entendais tellement bien elle et moi! C'est la seule qui ne m'aie pas rejetée après mon admission à l'école des sorciers. Elle m'a beaucoup encouragée au cours de mes études comme Auror. Elle m'a légué une superbe vieille maison sur le boulevard Gouin à Montréal... tu connais?

- Boulevard Gouin ? Ça me dit quelques choses, mais je viens de la ville de Québec, je connais pas vraiment Montréal. Ma grand-mère habite d'ailleurs Québec. Je suis sûr qu'elle sera contente de notre visite.

Philippe était heureux en pensant qu'il reverrait sa cher grand-mère.

Alors qu'il regardait fixement les yeux d'émeraude de Méridith, Philippe eut soudainement une idée :

- Pendant qu'on sera dans la région de Montréal, j'aimerais te montrer une chose que je ne crois pas que tu connaisses. C'est un peu différent de ton monde de sorcier. J'aimerais t'invité dans un cinéma extraterrestre. Tu verras comment c'est immense. Ça t'interresse ?

Méridith explosa de rire.

-Un cinéma extraterrestre!? Je connais les cinémas... quoique je n'y sois pas allé très très souvent. Comme j'étais penssionaire 10 mois par année, je n'avais pas vraiment le temps. Mais les cinémas extrateresstres... je suis pas sûre de vouloir savoir à quoi ça ressemble! lança-t-elle à la blague. Euh... oui, pourquoi pas!

Elle se pinça les lèvres. Prendre un peu de bon temps n'allait pas lui faire de mal. Cependant, Méridith doutait que Philippe prenait la pleine mesure de ce que cette enquête allait leur demander en temps et en énergie. Elle lui sourit, repoussant une de ses mèches flamboyantes de son visage.

-Hummm. Je commençais à avoir faim, dit Méridith après que Tom eut apporté les assiette et les verres. Les sandwichs et les frites, ça ressemble à la cuisine de moldus, mais la Bièrraubeurre... c'est typiquement sorcier!

Elle prit une grande lampée et invita Philippe à faire de même.

-Alors, comment tu trouves ça?! demanda-t-elle un grand sourire aux lèvres.

- De la bière au beurre ? C'est délicieux! Ça ne goût pas le beurre pourtant.

Philippe appréciait grandement les moments qu'il passait avec Méridith. Il senti à plusieurs reprise que le regard de Méridith se fixait sur lui. Son sourire le génait un peu, lui qui n'avait pas l'habitude d'être en si bonne compagnie. Après un moment de silence, Philippe poursuivi la conversation.

- On a beaucoup parlé de ma famille, mais toi, où sont tes parents ? Que font-ils comme travail ?

Méridith sourit. Le premier verre de Bierraubeure, c'était une expérience inoubliable dans la vie d'un sorcier, alors pour un moldu!

-Mes parents? Oh..., commença-t-elle un peu mal à l'aise.

Elle n'aimait pas parler de ses parents.

-Ce sont des moldus, comme toi. Ils habitent dans les Basses-Laurentides, près de Montréal. Tu vas rire, ils sont policiers! Tous les deux. On peut dire que la pomme tombe jamais bien loin de l'arbre! lança-t-elle en riant, faisant allusion au fait qu'elle était un genre de policier, mais dans le monde des sorciers. Je n'ai plus beaucoup de lien avec eux. Disons qu'ils n'apprécient pas mon côté ''spécial''. Ils ne comprennent pas non plus mon métier et encore moins ma décision d'être venu m'installer ici après mes années d'études.

Elle repensa à la réaction de ses parents lorsqu'ils ont appris qu'elle avait choisi de faire ses études supérieures à l'école des Aurors de Montréal. Son père était entré dans une grande fureur. Sa mère, quant à elle, s'était réfugiée dans le mutisme:

-Tu vas quoi!? s'était écrié le père de Méridith, c'est pas fini ces fouleries-là? T'étais pas inscrite en technique policière? lui avait-il demandé. Elle était pas inscrite au cégep, avait-il redemandé à la mère de Méridith.

-Oui, mais... avait balbutié la jeune Méridith, c'est pas moi. C'est pas ce que je veux faire... c'est vous qui...

-Pardon? C'est moi?! C'est NOUS? Non, non, non... un instant jeune fille. Toi-même tu n'arrêtais pas de nous poser des questions sur notre métier à ta mère et moi. Quand t'étais petite tu...

-Justement, l'avait interrompu Méridith, j'étais petite. C'était avant de savoir que j'étais sorcière!

À ce mot, la mère de Méridith s'était plaqué les mains sur les oreilles. Furieux, son père avait soupiré bruyamment et s'était mis les mains sur les hanches, cherchant les mots pour résonner sa fille.

-Méri... avait-il murmuré la voix tremblante d'émotion, c'est pas sérieux? C'est pas réel ces histoires-là. On a accepté, ta mère et moi, que tu ailles dans ce... cette... école juste parce qu'on voyait bien que c'était important pour toi d'expérimenter ce côté qu'on croyait être de la créativité, mais là, tu es vieille Méri. Tu n'es plus une enfant. Tu dois prendre des décisions importantes. C'est pour ton avenir qu'on s'inquiète! Un Oracle... c'est pas un métier sérieux!

-Auror papa, un Aurore, pas Oracle! avait lancé Méridith avec rage pour la 100e fois. Et oui, c'est un métier sérieux! Des tas de gens dans mon monde on besoin de nous. C'est le même métier que toi papa! Le même que toi maman! Réveillez-vous bon sens! Vous voyez bien que je suis pas comme vous! Venez pas me faire croire que vous avez jamais remarqué ce que je suis capable de faire?! Vous...

-Bon bon bon, c'est assez, avait fini par dire la mère de Méridith, c'est toujours la même histoire. Ça finit toujours comme ça. Méri, tu es majeure, tu fais ce que tu veux.

Le père de Méridith avait jeté un regard accusateur à sa femme. Comment pouvait-elle le laisser tomber de la sorte?

-Elle fait ce qu'elle veut, avait-elle insisté en regardant son mari. Mais elle n'est pas obligée de nous embarquer là-dedans.

Un silence inconfortable s'était aussitôt installé dans la cuisine des Mitchel. Méridith avait craint les prochaines paroles que sa mère allait prononcer. Elle l'avait supplié des yeux de ne pas les prononcer.

-Tu peux faire les choix que tu veux Méri, mais sache que si tu choisis l'autre monde, ton père et moi, on ne te suivra pas. Tu dois faire un choix ma chérie. La vie réelle ou ton monde de fous.

Choquée, frustrée, bouleversée, Méridith s'était ruée dans sa chambre, avait pris quelques affaires et s'était enfuie en claquant la porte en direction de chez sa grand-mère, la seule capable de la comprendre et l'aimer, telle qu'elle était...

À l'évocation de ce souvenir, Méridith sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle secoua la tête en pinçant les lèvres, comme pour s'exhorter au calme et à la maîtrise de ses émotions.

-Enfin bref, reprit Méridith en regardant Philippe dans les yeux, disons que c'est pas rose rose notre relation. À chacun ses drames hein?

Soudain, Méridith perdit son sourire. Cette conversation devenait de plus en plus ouverte... de plus en plus intime. Cette relation, qui était en train de se créer entre elle et lui, ouvrit une brèche dans l'esprit de Méridith. Une brèche qu'elle n'avait pas ouverte depuis longtemps. Un frisson lui parcourut l'échine. Elle devint blanche comme un drap. Quelques gouttes de sueur perlèrent sur son front. Des images l'assaillir:

Philippe était assis dans une cuisine, en face d'une dame d'un certain âge. Elle le regardait et semblait lui en vouloir...

-Non Philippe. Arrête.

-Maman... tu veux pas m'écouter pour une fois?!

-J'ai rien que fait ça depuis 15 ans Philippe et ton histoire ne tient pas debout! Je peux plus jamais en entendre parler, t'as compris?! PLUS JAMAIS!

Elle avait hurlé ses dernières paroles et s'était levée, tremblant de tout son corps.

-Je sais ce que j'ai vu Maman. Que tu me croies ou pas, la mort de papa s'est passé dans des circonstances étranges et ya rien que tu pourras dire pour m'en dissuadé, si tu veux plus que je t'en parle, c'est correcte, mais attend toi pas à ce que je te reparle non plus!

Méridith vit Philippe se lever et quitter la maison puis l'image se brouilla et elle revint à elle.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle était couchée par terre, en sueur. Cela faisait 3 ans que ça ne lui était pas arrivé. Depuis que William l'avait quitté. Confuse, elle se mit à l'appeler...

-William...?

- Méridith! Ça va ? Reste étendu. Philippe demande qu'on lui amène une débarbouillette d'eau froide.

- Voilà... mets ça dans ton cou un moment.

Pendant que Méridith prenait du mieux, Philippe lui demanda : "Qui est William ?"

Sa vue embrouillée, elle cligna des yeux. Penché sur elle, Philippe la regardait, l'air inquiet. Elle reprit tous ses moyens, comme par magie, lorsqu'il lui appliqua la compresse d'eau froide sur la nuque. Elle se releva lentement, pour s'asseoir sur le sol. Tout le monde la regardait dans la salle à manger du Chaudron Baveur. Elle rougit. Elle n'aimait pas être le centre d'atraction.

-Merci, murmura-t-elle, replaçant sa chevelure en bataille.

Puis il lui pose une étrange question. Comment pouvait-il savoir pour William?

-Qui? Comment tu...?

Elle se rappela son étrange vision puis sa confusion suite à celle-ci.

-Oh. euh oui. Je t'ai appelé William n'est-ce pas? C'est... euh...

Elle rougit davantage.

-Mon ancien fiancé... mais c'est de l'histoire ancienne tout ça. C'est ce malaise qui m'a mis un peu tout à l'envers. La dernière fois que ça m’est arrivé, j'étais avec lui... je suis désolée.

Elle regarda autour d'elle.

-Je peux me lever maintenant docteur? demanda-t-elle mi-souriante, mi-mal à l'aise.

Rassuré de son état, Philippe, souriant, répondit par l'affirmative. Ils se réinstallèrent à leur table. Au fond de lui, il n'avait pu s'empêcher d'être heureux en apprenant que Méridith avait un ancien fiancé, donc, qu'elle était peut-être libre... Il aurait voulu en savoir plus sur cette histoire, mais l'état de santé de Méridith le préoccupait davantage.

-Qu'est-ce qui s'est passé? Tu dis que c,est pas la première fois que ça t'arrive?

Rassuré par un simple regard de Méridith, Tom, le serveur du Chaudron Baveur, retourna à son bar. En effet, il était habitué aux ''malaises'' de Méridith. Le premier qu'elle avait fait en sol Britannique avait eu lieu dans ce bar, sous les yeux de Tom et Josh, son meilleur ami, avec qui elle travaillait maintenant au bureau des Aurors.

Assoiffée, elle prit une grande lampée de Bièraubeurre. Elle sentit le délicieux liquide couler dans sa gorge, la désaltérant agréablement.

-Non... ça m'arrivait souvent avant en fait. Puis, j'ai appris à gérer. C'est comme un genre de un don. Je...

Elle s'arrêta. Philippe avait eu son lot se surprises ces temps-ci. Serait-il en mesure d'apprendre un autre truc étrange sur Méridith?! ''Un plus, un de moins...'' de dit-elle avec un sourire.

-Écoute Philippe. Je vais être directe avec toi. Des fois, j'arrive à voir des trucs. Des images... sur les gens qui sont proches de moi. La plupart du temps, j'arrive à bloquer le tout, mais plus je suis proche d'une personne, plus je suis empathique envers sa situation, plus la limite s'amenuise. Les images s'imposent alors à moi sans que je ne les contrôle. C'est pour ça que ça ne m'était pas arrivée depuis ma rupture d'avec William. Je n'ai plus eu de contact rapproché avec personne depuis.

Elle repensa à l'horrible rupture qu'elle avait eu avec William. À quelle point elle avait souffert lorsque, quelques semaines avant leur mariage, il l'avait laissée. Comme ça. Sans avertir... sans véritable raison...

-Remarque, reprit-elle en riant, c'est pratique dans mon métier! Si je vois une personne qui est prise d'un énorme choc nerveux suite à une agression et qu'elle est incapable de nous raconter ce qui lui est arrivé, j'arrive à ''entrer dans sa tête'' et voir ce qu'elle a vécu. Je peux même voir le coupable! Ce qui est génial pour un Auror! Mais dans ma vie privée... c'est autre chose...

Elle releva la tête, gênée de son intrusion dans la tête de Philippe.

-On commence à être proche toi et moi. On se raconte nos vies...

Elle posa une main sur celle de Philippe.

-Je suis désolée pour ta relation avec ta mère Philippe, dit-elle d'une toute petite voix. Je ne trouve pas que ton histoire ne tient pas debout, ajouta-t-elle en sachant très bien qu'il savait ce à quoi elle faisait allusion. Lui as-tu reparlé à ta mère depuis cette chicane?

Philippe resta bouche bée quelques instants en entendant ce que Méridith venait de lui dire. On aurait dit qu'elle savait tout de lui.

- Ma mère...? Chicane...? Je... Non, enfin oui, mais jamais on a élaboré nos discussions après ce... enfin... après la mort de mon père.

Philippe était rassuré que Méridith semblait croire à son histoire. Il espérait plus que tout éclaircir cette histoire avec Méridith.

- J'ai hâte d'avancer dans cette enquête, souligna Philippe, as-tu découvert d'autre élément pour nous aider ?

Méridith eut un demi-sourire. Ce n'était pas la première fois qu'elle mettait quelqu'un mal à l'aise avec son don. Changer de sujet était une réaction normale à laquelle elle s'était attendu. Philippe savait très bien qu'elle lui avait tout dit au sujet de l'enquête juste avant de partir de chez elle pour aller manger. Il avait simplement voulu changer de sujet... C'est ce qu'elle ferait donc, mais avant, Méridith voulu revenir sur une seule chose, pour rassurer Philippe.

-Je ne veux pas que tu t'inquiète à propos de tout cela d'accord? Je ne peux jamais capter que ce que les gens veulent bien me laisser voir. Si j'ai vu cette scène de chicane, tout à l'heure, avant de m'évanouir, c'est probablement parce que quelque part au fond de toi, c'était une chose que tu voulais partager avec moi... ton inconscient y était prêt... tu comprends? Je ne sais pas tout à ton propos et je ne saurez jamais.

Elle repoussa son assiette. À présent, elle n'avait plus faim. Comme si toutes ces émotions lui avaient coupé l'appétit. Elle regarda l'heure.

-Oh lala... tu as vu l'heure?! s'exclama-t-elle, surprise que le temps avait si vite passé. C'est ce qui arrive quand on est en bonne compagnie. Si on veut être prêt à partir, il faudrait commencer tout de suite à faire nos bagages! j,ai envoyé un hibou aux bureaux des Aurors et ils ont réussi à nous réserver un vol de nuit pour demain. Tu seras prêt?

Le lendemain en début de soirée, Philippe était prêt. Son sac à dos était bien rempli : vêtements pour au moins une semaine, manteau chaud, tuque, mitaine, ... il avait pensé à tout et surtout ... à Méridith. Depuis la veille, il ne cessait de penser à elle. Elle était belle et mystérieuse. Son monde de sorcier intéressait beaucoup Philippe.

Depuis déjà une heure, Philippe était au point de rendez-vous. Il ne voulait surtout pas rater ce vol et il voulait accueillir Méridith avant qu'ils ne partent pour Montréal.

Il vit au loin Méridith qui approchait. Nerveusement, il alla à sa rencontre et lui remit une fleur de tournesol qu'il avait judicieusement choisi.

- J'espère qu'elle te plait. Je trouve qu'elle te ressemble beaucoup, rayonnante et joyeuse.

Philippe voyait le visage de Méridith se fondre dans ses cheveux roux.

- Je t'aide si tu veux. Il faut aller à la porte 16.

Méridith ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle aperçut Philippe qui l'attendait. Elle appréciait de plus en plus cet homme qu'elle trouvait posé, centré, rationnel, mais incroyablement sensible. Il était tout le contraire d'elle en fait. Sauf pour la sensibilité. Elle avait bien senti sa détresse lorsqu'il lui avait parlé de l'affaire mystérieuse de son père. Elle avait très hâte de partir pour enfin faire la lumière sur cette histoire!

-Oh! s'exclama-t-elle lorsqu'elle vit le magnifique tournesol. Comment as-tu fait pour savoir? C'est ma fleur favorite!!

Elle rougit légèrement lorsqu'il lui fit ses compliments.

-Merci, dit-elle en se mordant la lèvre inférieur. C'est très gentil de ta part...

Puis, elle fit ce qu'elle croyait ne plus pouvoir faire de sa vie, tant la blessure de sa rupture d'avec William l'avait blessée. Elle se mit sur la pointe des pieds et, spontanément, l'embrassa sur la joue, ses lèvres effleurant involontairement le coin des siennes.

-Bon! lança-t-elle, gênée par son audace, on y vas? Inutile que tu m'aides avec mes bagages, je n'ai que mon sac, répondit-elle en lui montrant son minuscule sac bandouillière.

Devant l'air perplexe de Philippe elle ajouta:

-Tu as vu le film Marry Popins? Et bien c'est pareil. J'ai jeté un sortilège à mon sac pour qu'il puisse contenir on nombre incalculable de choses, sans que je n,en ressente le poids. Génial hein?!

Ils se dirigèrent vers la porte 16. Après un moment d'attente interminable, ils purent enfin s'asseoir à leurs sièges, en classe affaires, près d'un hublot. Méridith se mit à trembler. Elle n'avait pris l'avion qu'une fois dans sa vie et n'avait vraiment, mais vraiment pas aimé l'expérience...

Philippe fut étonné de ce qui venait de se passer. Le baisser qu'il reçu l'emplissait de joie et de surprise.

Il fut encore étonné quand elle lui montra son "petit sac magique". Il en découvrira toujours.

Alors que l'avion n'avait pas encore décollé, Philippe voyait Méridith se crisper les mains sur les bras de son siège. Sa respiration était saccadée et elle tremblait de tout son corps.

-Méridith?! Ça va?

Elle fixait le regard droit devant elle et semblait ne pas avoir entendu Philippe qui l'appelait.

Il prit le visage en sueur de Méridith et le tourna doucement pour qu'elle le regarde.

-Méri, je suis là, qu'y a-t-il ?

De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front. Elle tremblait. Méridith entendit à peine la voix de Philippe l'interpeler.

Puis elle sentit ses grandes mains lui prendre le visage et l'appeler par son petit nom. Celui que ses amis les plus proches utilisaient. Celui que Wiliam avait utilisé. Elle sursauta avant de répondre à sa question.

-Je... je déteste les avions. Je comprends pas comment ça peut marcher ces engins-là, murmura-t-elle en fixant Philippe du regard. J'ai volé en balais à des altitudes très élevées. C'est pas les hauteurs qui me dérangent! C'est l'absence de magie!!!
Les moteurs se mirent en marchent et Méridith sursauta.

-Qu'est-ce que c'était?!

«Méri... calme-toi», s'ordonna-t-elle en silence. «Calme-toi!, tu as l'air d'une mauviette!»

L'avion se mit à avancer tout doucement sur la piste.

Elle attrapa d'un geste sec la main de Philippe.

Philippe sourit légèrement quand elle lui avoua les raisons de sa frayeur.

-Un avion... s'est fait pour voler, un balai... Il esquissa un autre sourire à cette penser, mais n'en dit mot à Méridith. Elle avait besoin d'être rassuré.

- J'avoue qu'il peut être impressionnant qu'un objet de plusieurs tonnes puisse s'élever dans les airs ainsi. La physique a elle aussi ses mystères pour un néophyte.

- Je te rassure, tous les bruits que tu entends et les mouvements d'ailes sont normaux.

Lorsqu'elle lui prit la main, un frisson lui parcouru l'échine. Il sentit peu à peu le tremblement de Méridith se calmer.

-Respire profondément... une fois dans les airs, tu ne sentiras plus rien.

Comme de fait, une fois que l'avion eut prit de l'altitude et prit sa vitesse de croisière, c'était comme être assis dans son salon.

-Tu vois? Tu te sens mieux?